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LIVINGSTON
SA VIE ET SES TRAVAUX.[1]

En peu d’années, l’Académie a fait des pertes considérables. La mort l’a frappée coup sur coup. Un de ses membres les plus jeunes lui a été enlevé. Nous avons vu disparaître la plupart des hommes illustres qui remontaient, par leur gloire comme par leur âge, jusqu’à l’autre siècle et qui laissent notre Académie, ainsi que notre temps, privés de leurs grands noms. La génération créatrice à laquelle ils appartenaient, et dont vous conserviez les précieux restes, n’aura bientôt plus d’autre asile que l’histoire.

Les trois derniers représentans d’une école philosophique célèbre, Garat, Destutt de Tracy, Laromiguière, sont morts à peu de distance l’un de l’autre. Nous avons vu s’éteindre, au retour de l’exil, la forte intelligence de Sieyes, et, peu de temps après, l’esprit brillant de Rœderer. Plus récemment encore, la tombe s’est ouverte pour le savant diplomate que nous avons entendu louer par celui-là même qui avait pu le mieux apprécier ses mérites, et nous sortons à peine d’accompagner les restes du grand politique qui a voulu, pour ainsi dire, en prononçant cet éloge, terminer, au sein de l’Institut, une vie mêlée à toutes les pensées d’un demi-siècle, sans être dominée par ses vicissitudes.

Nos pertes extérieures n’ont pas été moins grandes. Un économiste profond, Malthus ; un historien politique, M. Ancillon ; un législateur habile, M. Livingston, ont étendu notre deuil en Europe et

  1. Cette notice a été lue hier à la séance de l’Académie des Sciences morales et politiques.