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DES ÉTUDES HISTORIQUES DANS LE NORD.

raient pas besoin d’aller rien chercher en pays étranger. Il y avait autrefois, ici, des hommes intrépides qui partirent avec une grande armée et prirent des provinces et des royaumes en quantité. Rome, Naples, l’Italie, l’Aragon, la Sicile, l’Espagne, la Flandre, la Hollande, la France, l’Angleterre, l’Écosse, reconnurent leur pouvoir, ainsi que la Gaule et la Macédoine ; car rien ne pouvait leur résister. Ils conquérirent toutes les contrées où ils passaient ; aucun roi, aucun empereur, ne voulait combattre contre eux ; aucune armée n’osait les attaquer, et les Goths ne pouvaient rester en paix. Ils allaient partout où ils voulaient ; ils subjuguèrent Rome plusieurs fois, et prirent tous ses trésors. Mais c’était bien la faute de Rome ; car elle ne voulait pas leur rendre hommage et leur rester fidèle ; elle capitulait et manquait de parole : voilà pourquoi tant de sang fut répandu. Ils brûlèrent Rome dans le temps où Honorius était empereur par la volonté de Dieu, l’an 314. On trouve encore, dans les livres étrangers, beaucoup de choses sur les actions des Goths. Ils étaient fermement unis dans leur volonté, c’est pourquoi personne ne put les vaincre. Suédois, vous ferez comme eux, si vous savez garder la paix entre vous ! »

Après ce patriotique avant-propos, l’auteur passe, sans autre transition, à l’histoire d’Éric XI, petit-fils de saint Éric, devenu roi de Suède et de Gothie en l’an 1222.

Sous le premier règne de Charles Knutsson, c’est-à-dire vers l’année 1448, un autre poète écrivit une chronique en vers moins étendue, qui a été publiée par Messenius, en 1645, puis par Hadorph, en 1674, et réimprimée dans le recueil des Scriptores. On l’attribue à un chanoine nommé Laurentius Ravaldi. L’auteur commence par décrire le culte des dieux Scandinaves à Upsal ; puis il en vient à l’histoire des rois de Suède, qui racontent chacun, l’un après l’autre, les évènemens de leur vie. Le premier qui apparaît est le roi Éric, contemporain de Saruch, grand-père d’Abraham. D’Éric jusqu’à Olof, premier roi chrétien, le poète compte trente-cinq règnes.

Au XVe siècle, l’imprimerie fut introduite en Suède ; mais elle ne fut d’abord que d’une très faible utilité à la science. On imprima des livres de fables, des missels, des bréviaires ; on laissa de côté l’histoire. Les prêtres continuèrent à écrire leurs annales, et le peuple garda son indifférence.

Fric Olaï, chanoine d’Upsal, mort en 1486, composa, par l’ordre de Charles VIII, une histoire de Suède en latin. Il ignorait complètement les sources islandaises. Les commencemens de son récit sont parsemés d’erreurs grossières, et tout ce qu’il raconte des deux premiers siècles du christianisme, est fort peu exact. Ce n’est qu’à partir du temps de Bürger Jarl (1250) qu’il devient plus exact et peut être consulté avec fruit.

Jean Magnus, dépossédé de son siége d’évêque par la réformation, se retira à Rome, et écrivit aussi une histoire de Suède. C’était un homme de talent et un érudit. Cependant il avait annoncé plus de documens nouveaux qu’il n’en mit au jour dans son ouvrage. Il suivit assez fidèlement le récit de la chronique en vers, le livre d’Éric Olaï, et fit remonter aussi sa chronologie