cipe de l’épicuréisme, la volupté. J’accorderais à la rigueur l’allusion, mais l’allégorie a quelque chose de froid. Je prends intérêt à un paysage et aux objets animés ou inanimés que j’y vois, aux personnages qui le peuplent, et puis il faut que, par un nouveau travail, ma pensée se détache de ces réalités pour atteindre à un sens détourné. Il faut dire que chez Virgile l’allégorie est toujours de courte durée, et qu’il ne la poursuit pas curieusement dans tous les détails où les commentateurs prétendent la retrouver.
Si Virgile, dans la conception générale de ses pièces, manque quelquefois à la vérité bucolique, il la retrouve dans les détails tous empruntés à la nature autant qu’à Théocrite, et exprimés avec une grande fidélité. Il quitte souvent la campagne, de laquelle l’éloigne la portée personnelle, littéraire, politique ou autre, de ses allusions et de ses allégories ; mais alors même quelquefois il la rappelle par le choix de ses images, et il sait toujours y rentrer avec grâce. On en trouverait un exemple remarquable dans la manière dont il ramène à la pastorale la quatrième églogue, fort peu bucolique au fond. Vous y rencontrez dès le commencement les muses de Sicile, plus loin le dieu Pan, et toutes ces images champêtres avec lesquelles il peint l’âge d’or prêt à renaître sous le règne d’un merveilleux enfant.
Le taureau même de Pasiphaé, dans la sixième églogue, a quelque analogie avec les peintures bucoliques et sert à ramener au genre cette pièce cosmogonique et mythologique. On en peut dire autant de beaucoup d’autres détails qui aboutissent toujours à quelque image prise de la nature sensible, voisine de la vie rustique. Les deux derniers vers offrent particulièrement un exemple charmant de cette manière de rentrer dans l’églogue. La magicienne de la septième pièce est une femme de la campagne, ducite ab urbe domum, etc. De même c’est dans un délicieux tableau pastoral qu’il a encadré l’élégie de Gallus, car c’est une élégie dont le titre seul est bucolique. Cela nous amène à la manière dont Virgile a renouvelé par des emprunts à d’autres genres ce genre bien vite épuisé.
Il n’y a, selon Servius, dans le recueil de Théocrite que dix pièces qui soient proprement du genre pastoral. Je pense qu’on peut étendre un peu ce nombre, en ajoutant à la liste du scholiaste latin les Moissonneurs, les Pêcheurs, que retranche une définition trop étroite. Mais c’est en définitive un genre borné qui fournit seulement un certain nombre de situations, de pensées, d’images, toujours les mêmes. Virgile, qui les redisait d’après Théocrite et les renouvelait d’après l’expérience personnelle qu’il avait de la vie des champs, n’a pu faire