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SOUVENIRS D’ÉCOSSE.

Le duché d’Argyle et l’île de Mull.

Dans l’ouest de l’Écosse, comme à Venise, on peut toujours se rendre d’un point à un autre par terre ou par eau, selon son caprice, tant la contrée est coupée de lacs, de bras de mer et de canaux. La Clyde et le Loch-Long nous offraient le chemin le plus direct de Glasgow à Inverary et aux montagnes du duché d’Argyle ; mais comme auparavant nous voulions visiter le Loch-Lomond, le steamer de Greenock nous jeta en passant dans le port de la petite ville de Dunbarton. En avant de ce port s’élèvent deux noirs pitons au haut desquels le château de Dunbarton est bâti. Ce château et celui de Dunglas, dont on voit encore les restes au bord de la Clyde, défendaient du côté de l’ouest l’extrémité de la grande muraille d’Agricola. Des pans entiers de l’antique fortification sont encore debout sur les collines du voisinage, le lierre les revêt d’un épais manteau, et le peuple appelle ces ruines Grahame’s-Dyke, du nom du soldat picte qui, selon la tradition, franchit le premier la muraille romaine. Ce ne sont pas là les seuls vestiges de la domination des fils du roi du monde dans la Calédonie ; à Duntochar on voit aussi un pont dont on attribue la construction aux Romains, et qui, grace à son extrême solidité, est encore fort bien conservé.

Dunbarton, l’Alcluyd des anciens Bretons, le Bal-Clutha d’Ossian, l’Ilion des bardes, dont la Clyde (Clutha) était le Scamandre, est situé dans une contrée à la fois riante et sauvage. C’était là que combattait Fingal, que régnait Carthon, que soupirait la blonde fille de Cathmol. Dunbarton, la porte de la Clyde et des Highlands, garda sa réputation héroïque et passa