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LETTRES DU NORD
ET
DU MIDI DE L’EUROPE.

LA SICILE.

i.

Nous levons l’ancre à l’entrée de la nuit. La brigantine, chargée de passagers, tourne sous ses voiles ; le mouvement, d’abord doux et régulier, du navire devient plus rapide, et les nuages légers qui flottaient le matin à l’horizon bleu du golfe de Naples, réalisent maintenant les prophéties des vieux marins. Comme il entre peu dans mes goûts de m’occuper d’une tempête, et encore moins de la décrire, en attendant que le vent orageux qui souffle nous jette en Sicile, je dirai quelques mots de son histoire. Elle a été peu étudiée, elle est peu connue hors de la Sicile ; cependant elle a tout l’intérêt du roman ; elle est pleine d’évènemens variés, comme celle des peuples et des hommes qui ont passé par les mains d’un grand nombre de maîtres.

En parcourant rapidement la plus vieille partie de cette histoire, je me plairai à suivre quelquefois, en recourant à d’autres chroniques de Sicile, le récit de don Tommaso Fazello, de Sciacca, de l’ordre des prédicateurs, qui a laissé une curieuse et naïve histoire de sa nation, écrite du temps de Charles-Quint et dédiée à ce grand em-