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ŒUVRES
D’HISTOIRE NATURELLE
DE GOËTHE.[1]

Le maître de Périclès et de Socrate, Anaxagore, à qui l’on demandait pourquoi il pensait que l’homme était sur la terre : Pour admirer, répondit-il, la splendeur des cieux et la magnificence des étoiles. Certes, si le philosophe qui croyait le soleil grand comme le Péloponnèse trouvait tant de beautés dans le spectacle des profondeurs étoilées, de quels sentimens ne serait-il pas saisi aujourd’hui que les limites du monde astronomique ont été reculées si loin ! Quand les hommes, dans leur impuissance d’observer directement et de pénétrer la nature, ont imaginé, en place de ce qui est, ce qu’ils croyaient devoir être, non-seulement ils ont commis les plus grandes erreurs et se sont éloignés de la réalité, mais encore ils sont restés infiniment au-dessous de la grandeur et de la magnificence des choses. Homère, écho des croyances de son temps, plaçait les palais célestes au sommet de l’Olympe, si haut, que Vulcain, précipité de la demeure des dieux, avait employé un demi-jour à tomber dans les cavernes de Lemnos. La mythologie de la Bible supposait des cieux solides et d’immenses réservoirs d’eau suspendus sur nos têtes. Ossian mettait, dans la région des nuages mobiles, le séjour des dieux et des héros.

  1. Comprenant divers mémoires d’anatomie comparée, de botanique et de géologie, traduits et annotés par Ch. Fr. Martins, avec un Atlas in-folio contenant les planches originales de l’auteur et enrichi de trois dessins et d’un traité explicatif sur la métamorphose des plantes, par P. J. L. Turpin, membre de l’Institut. Paris, chez Cherbuliez, rue de Tournon, 17.