tion releva les ressources financières de l’état romain. Il portait aux protestans une haine active ; il approuva la Saint-Barthélemy et le plan de la ligue ; il fomenta les révoltes de l’Irlande contre Élisabeth, mais il ne put se défendre lui-même contre les bandits qui infestaient Rome.
C’était le pâtre de Montalte qui devait exterminer les brigands romains. On connaît la fortune de Sixte-Quint. Son premier mot, le jour de son couronnement, fut celui-ci : Tant que je vivrai, tout criminel subira la peine capitale. Il tint parole et ne fit grace à personne : il fonda sa puissance par une terreur salutaire. En cinq ans, ce grand homme sut conquérir une place à côté des plus illustres papes, de Grégoire VII et d’Innocent III. Il gouverna l’état romain avec une habileté qui lui a fait attribuer tout ce que l’administration papale pouvait avoir d’heureux et de régulier, depuis le commencement du xvie siècle. Il acheva l’organisation des congrégations de cardinaux ; il favorisa l’agriculture, l’industrie ; il eut l’idée persévérante de rendre la papauté très riche, et de lui amasser des trésors pour les temps difficiles ; on le vit emprunter et thésauriser à la fois. Rival des anciens Césars, il amena dans Rome, par de grands aqueducs, l’eau dont la ville avait besoin ; politiquement chrétien, il expulsa du Capitole les statues antiques ; uniquement préoccupé des affaires, il n’aimait pas les champs et la nature, et disait que sa distraction était de voir beaucoup de toits. Il roula dans sa tête les projets les plus gigantesques, il noua des intelligences en Orient, avec la Perse, avec quelques chefs arabes, avec les Druses : il songeait à la conquête de l’Égypte, à la jonction de la mer Rouge avec la Méditerranée, à la délivrance du saint sépulcre ; enfin ce prêtre aimait la gloire. Mais, à côté de ces élans, la raison pratique ne défaillait pas. Après avoir excommunié Henri IV, Sixte-Quint songeait presque à le reconnaître, en dépit des protestations espagnoles : il entrevoyait une politique dont la mort lui envia la glorieuse nouveauté. Sixte-Quint ferma le xvie siècle, qu’avait commencé Jules II. Il fut comme lui un grand pape temporel ; entre Élisabeth et Henri IV, il maintint l’honneur de la politique romaine.
Dans les dix dernières années du xvie siècle, plusieurs papes se succédèrent avec une singulière rapidité. Urbain VII ne régna que douze jours ; Grégoire XIV ne passa que dix mois sur le trône pontifical, et Innocent IX seulement huit semaines. Si Grégoire XIV eût gardé le pouvoir plus long-temps, il eût pu ébranler l’Europe : représentant passionné du parti ligueur espagnol, il écrivit aux Parisiens pour les confirmer dans leur révolte, il renouvela l’excommu-