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néral Damrémont, qui a été tué lui-même dans la seconde expédition de Constantine, et qui, heureusement, avait près de lui le général Valée pour le suppléer au besoin. Ainsi, en suivant le conseil de M. Berryer, en n’ayant pas de général supplémentaire, on eût manqué la seconde expédition de Constantine. Il est vrai que M. Berryer n’est pas tenu de nous donner de bons conseils. Le mécontentement des tories anglais a été également exploité par M. Berryer. Il a cité (en anglais) un passage du Times, où, disait-il, sir Robert Peel accusait le roi des Français d’avoir manqué à la parole qu’il avait donnée aux puissances, en gardant Alger. Ou M. Berryer, qui parle si bien français, comprend bien peu la langue anglaise en la traduisant ainsi, ou sa préoccupation a été grande. M. Molé s’est chargé de faire plus heureusement la version anglaise proposée par M. Berryer. Il a répondu que la déclaration du roi des Français, à laquelle faisait allusion sir Robert Peel, dans le parlement, le 18 mars 1834, ne s’appliquait, en aucune façon, à notre possession ; et quant à l’esprit de nationalité de la restauration, il a révélé que, non-seulement elle s’était engagée à consulter ses alliés sur l’usage qu’elle ferait de sa conquête, mais qu’elle avait négocié, à Constantinople, l’abandon d’Alger, en échange de certains droits commerciaux. Le reste du discours de M. Berryer est tombé pièce à pièce sous le poids des documens officiels dont M. Molé a donné connaissance à la chambre, dans sa vive et énergique improvisation. Il l’a terminée en annonçant que le gouvernement s’occupe, depuis quelque temps, d’organiser le culte de notre religion en Afrique. C’était le dernier reproche de M. Berryer. Il s’est trouvé qu’il n’était pas plus fondé que les autres.

L’excellent discours de M. de Montalivet sur cette question d’Afrique, qu’il paraît avoir étudiée à fond, avec la conscience qu’il met dans ses travaux, a complété la bonne attitude du ministère dans cette importante discussion. En votant les crédits pour l’effectif des troupes, pour les travaux à exécuter à Alger et sur d’autres points, la chambre a prouvé qu’elle adopte les vues du cabinet, et qu’elle veut, comme lui, conserver l’Algérie. Voilà une question capitale résolue, et résolue à l’honneur de la France. Nous en félicitons la chambre, le ministère et le pays.

Le budget de la guerre a été voté par la chambre, qui a passé outre quand M. Demarçay a élevé des objections sur l’avancement des princes de la famille royale, obéissant ainsi à un sentiment de convenance qu’elle a fait en même temps respecter. Des difficultés s’étaient élevées entre la commission du chemin de fer du Havre et les soumissionnaires. On espère qu’elles seront aplanies, et que les travaux de cette ligne pourront commencer cette année. Dans le vote général du budget de 1839, 204 voix contre 52 ont prouvé au ministère que la chambre n’obéit pas aux suggestions des partis. Un nouveau scandale, le dernier de la session, nous l’espérons, a été tenté hier par M. Gauguier, qui a renouvelé, en termes plus qu’inconvenans, sa motion annuelle sur les députés fonctionnaires. La chambre a répondu par son ordre du jour annuel. Nous n’attachons pas une haute importance au rejet ou à l’admission de la proposition de M. Gauguier, car nous pensons qu’il se trou-