presque toujours par être victime de la vigueur et de l’agilité supérieure du Circassien. Ces combats ont lieu avec toutes les formalités d’un duel, et, à l’honneur des deux armées, la plus stricte neutralité y est observée… Les combattans isolés sont suivis peu à peu de tous leurs compagnons, jusqu’à ce que tout le corps soit engagé. En général les Circassiens ne suivent jamais une attaque ; leur usage est, après une charge impétueuse, de disparaître comme l’éclair et de rentrer dans les bois, où ils emportent leurs morts et leurs blessés. C’est seulement pendant qu’ils sont occupés à ce pieux devoir que les Russes peuvent obtenir quelque avantage, excepté pourtant quand le canon, la terreur des montagnards, peut être transporté et dirigé contre eux. D’un autre côté, si le désordre se met dans les rangs des Russes, ils sont littéralement taillés en pièces en quelques minutes. »
Dès le commencement, M. Spencer refusa positivement de prendre aucune part à la guerre, déclarant qu’il était un médecin pacifique et ne faisait qu’un voyage de pure curiosité. Connaissant personnellement plusieurs des officiers en garnison dans les forteresses voisines, on sent bien qu’il ne pouvait se mêler activement à des expéditions où leur vie était menacée. Malgré cela, il courut quelques dangers en accompagnant le prince dans une reconnaissance, et reçut une balle dont il fut préservé par les poches de cuir qu’il portait sur la poitrine, et qui font partie du costume circassien. On sut plus tard que les Russes, ayant eu connaissance de la présence chez les Circassiens, non d’un Anglais, mais d’un médecin européen, avaient tenté de s’emparer de lui. « Les montagnes, dit-il à ce propos, sont pleines d’espions russes, malgré l’active vigilance des chefs ; mais il faut dire, à l’honneur du peuple, qu’il s’en trouve rarement parmi les indigènes : ce sont surtout des marchands arméniens ambulans, race sordide qui sacrifie sans peine à l’or l’honneur et la probité. Quelquefois des Russes désertent, se donnant le nom de Polonais ; puis, ayant abusé de l’hospitalité circassienne, ils retournent dans leur camp, trahissant ainsi leurs hôtes de la manière la plus basse. De là résulte une défiance générale non-seulement envers les Polonais qui viennent se réfugier parmi eux, mais envers tout étranger qui arrive sans présenter quelques garanties.
Peu de jours après l’arrivée de M. Spencer au camp, un exprès apporta la nouvelle que les Cosaques des bords du Kouban faisaient de grands préparatifs pour envahir le pays, de concert avec la garnison d’une forteresse russe située sur l’Oubin, rivière qui se jette dans le