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L’USCOQUE.

TROISIÈME PARTIE.[1]

L’abbé reprenant la parole, tandis que Beppa offrait à Zuzuf un sorbet : Je ne me chargerai pas de vous raconter exactement, dit-il, ce qui se passa aux îles Curzolari après le départ d’Orio Soranzo. Je pense que notre ami Zuzuf ne s’en est guère informé, et que, d’ailleurs, chacun de nous peut l’imaginer. Quand la garnison, les matelots et les gens de service se virent abandonnés par le gouverneur, sans autre asile que la galère et les huttes de pêcheurs éparses sur la rive, ils durent s’irriter et s’effrayer de leur position, et rester indécis entre le désir d’aller chercher un refuge à Céphalonie, et la crainte d’agir sans ordres, contrairement aux intentions de l’amiral. Nous savons qu’heureusement pour eux, Mocenigo arriva avec son escadre, dans la soirée même. Mocenigo était muni de pouvoirs assez étendus pour couper court à cette situation pénible. Après avoir constaté et enregistré les évènemens qui venaient d’avoir lieu, il fit rembarquer tous les Vénitiens qui se trouvaient à Curzolari, et donnant le commandement du seul navire qui leur restât au plus ancien officier en grade, il porta ses forces, moitié sur Téaki, moitié sur les

  1. Voir les livraisons du 15 mai et du 1er  juin 1838.