sa sollicitude pour les intérêts matériels du pays, en portant à la chambre deux projets de loi relatifs à des chemins de fer confiés à des compagnies, le chemin de Paris à Rouen, au Hâvre et à Dieppe, avec embranchemens sur Elbœuf et Louviers, et le chemin de Paris à Orléans. Les noms des plus grands propriétaires de la France figurent dans la première de ces compagnies, dont nous regardons la formation comme un fait très favorable pour les entreprises industrielles. D’où vient donc que des murmures ont accueilli, dans une partie de la chambre, la lecture de l’article du projet qui concède pour vingt-huit ans, à cette compagnie, le droit exclusif de posséder un chemin de fer sur cette route ? C’est un privilége exclusif ! s’est-on écrié sur quelques bancs. C’est un privilége en effet, c’est celui de verser des sommes immenses dans une entreprise dont les gains sont encore bien éloignés ; c’est le privilége de placer son argent à un intérêt très modéré, car les chemins de fer ne produisent nulle part des bénéfices considérables. Et ce privilége est accordé à des hommes que leur crédit, leur réputation et leur situation sociale obligent d’être des actionnaires sérieux et non des spéculateurs. Il est vrai que ces hommes ne consentent pas à se ruiner, ou à soutenir une affaire ruineuse, et celle-ci le serait si la concurrence était permise à des entrepreneurs téméraires qui feraient ainsi deux mauvaises affaires à la fois. Il semble, en vérité, que quelques députés se croient toujours sur la place du marché de leur commune, et qu’ils se soient réunis pour marchander, là six mois ou un an de privilége, ailleurs quelques milliers de francs sur des établissemens d’utilité ou de bienfaisance ; après quoi, ils iront recevoir, dans leurs départemens, les félicitations dues à leur esprit d’économie. Il faut dire que la chambre a fait, depuis quelques jours, de glorieuses conquêtes en ce genre, entre autres les 20,000 francs qu’elle a enlevés à des établissemens thermaux, quand toutes les nations de l’Europe s’efforcent d’améliorer les leurs, et les 25,000 francs qui constituaient le fonds destiné aux publications administratives. Les sous-préfets, les maires et les conseils-généraux n’avaient cependant pas trop des documens qui leur étaient adressés, pour connaître les lois dont l’exécution leur est confiée. Nous sommes loin de blâmer l’esprit d’économie dans une chambre, mais nous le voudrions mieux entendu.
Nous le voudrions, par exemple, accompagné de ces vues larges dont M. le marquis de Dalmatie a fait preuve dans le rapport de la commission des canaux. Quatre lignes de canaux avaient été demandées par le ministre des travaux publics. La commission a reconnu toute l’importance de ces canaux ; elle a proposé toutefois d’en ajourner deux. Celui de la Marne au Rhin et le canal latéral à la Garonne lui semblent d’une prompte nécessité. Nous avons déjà démontré l’importance de ces canaux, dont l’un, complément de celui du Languedoc, ouvrirait aux départemens du midi le passage de la Méditerranée à l’Océan, du golfe de Lyon au golfe de Gascogne. Quant au canal de la Marne au Rhin, il offre cela de particulier, que c’est une entreprise à la fois prodigieuse et facile, gigantesque, et qu’on pourra réaliser rapidement. La ligne navigable du Hâvre à Paris est toute tracée ; c’est la Seine, et l’on