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CHRONIQUE DE LA QUINZAINE.
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31 mai 1838.


La notification de l’accession du roi de Hollande au traité du 15 novembre 1831, faite à la conférence de Londres, il y a deux mois, donne lieu à de vives discussions dans la presse. On peut dire que la question n’est encore agitée que là, car une louable réserve a été observée jusqu’à ce jour, dans les chambres, à ce sujet ; et au sein de la conférence tout s’est borné à deux communications verbales aux représentans des différentes puissances, qui les ont écoutées ad referendum, en attendant que les nouveaux pouvoirs qu’ils ont demandés à leurs cours respectives leur aient été adressés.

Ce calme et cette réserve n’entrent pas dans la nature, et peut-être dans la mission des journaux. Aussi les alarmes et les bruits de guerre y prennent chaque jour plus de crédit. À les lire, l’Europe serait sur le point de tirer les épées restées dans le fourreau depuis vingt-trois ans, et souvent dans des circonstances bien autrement périlleuses et difficiles. N’importe : le gouvernement français a renforcé, par excès de prudence, quelques garnisons du nord et de la frontière, le long de l’ancien duché de Luxembourg ; donc la France va prendre fait et cause contre le traité du 15 novembre, qu’elle a garanti et signé ! La confédération demanderait, de son côté, disent aussi les journaux, des explications à la France ; or l’on sait si la confédération germanique ne demande qu’à faire marcher son contingent, surtout dans ce moment où les différens états de cette confédération donnent l’exemple d’une union si touchante. Voyez plutôt la Prusse et la Bavière ! D’une autre part, la Prusse, qui a tant à se plaindre de la France, surtout dans l’affaire des mariages mixtes et dans ses négociations avec la cour de Rome, se disposerait à assiéger Venloo pour le remettre au roi de Hollande ! Enfin, la présence de l’empereur de Russie à Berlin n’est que le préambule d’un congrès de souverains, où il sera décidé du sort de la Belgique, sans le concours de la France. Toutes ces choses sont bien menaçantes, à les voir dans les journaux, sans compter que la Belgique y est représentée comme prête à se soulever tout entière pour empêcher l’exécution du traité. Pour la Belgique, on nous la montre comme divisée en deux partis : l’un, tout industriel, qui