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plier toutes les voiles et donna le signal du départ. Naam, quelques serviteurs et un très petit équipage, choisi parmi l’élite de ses matelots, montaient avec lui ce léger navire. En vain, les officiers de la garnison et de la galéace vinrent-ils lui demander ses ordres. Il les repoussa durement, et pressant ses hommes de lever l’ancre : — Messieurs, dit-il à sa troupe consternée, pouvez-vous me rendre la femme que j’ai tant aimée et qui reste là ensevelie ? Non, n’est-ce pas ? Alors de quoi me parlez-vous, et de quoi voulez-vous que je vous parle ? — Puis il tomba comme foudroyé sur le pont de sa galère qui déjà fendait l’onde. — Le désespoir a fini d’égarer sa raison, dirent les officiers en se retirant dans leur barque et en regardant la fuite rapide du chef qui les abandonnait. Quand la galère fut hors de leur vue, Naam se pencha vers Orio, qui restait étendu sans mouvement sur le tillac. — On ne vous regarde plus, lui dit-elle à l’oreille ; menteur, levez-vous !

George Sand.


(La fin au prochain numéro.)