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DOCUMENS SUR L’HISTOIRE DE FRANCE.

pécuniaires même, ces savantes associations religieuses des bénédictins qui font la gloire de l’archéologie française ? et cependant dans un grand nombre d’archives de province, si mal classées, si abandonnées au désordre et à la destruction par l’incurie des administrations locales, il serait possible de retrouver çà et là des textes importans à mettre au jour. Dans nos grands dépôts de Paris, beaucoup de manuscrits méritent aussi d’être publiés, soit à cause de leur mauvaise conservation, soit par l’intérêt qu’ils présentent. D’une autre part, à côté des documens qu’il faudrait ainsi ajouter aux grandes collections qui sont comme les arsenaux de notre histoire, il serait désirable de voir se continuer les vastes entreprises littéraires que la révolution française a interrompues, et que l’Académie des Inscriptions, malgré ses nombreux et patiens travaux, ne suffit point à achever. La politique étant devenue, de notre temps, comme un centre auquel tout doit se rattacher, on comprit vite que seule elle pouvait venir sérieusement en aide à la science, et on demanda aux chambres ce que les couvens seuls avaient suffi à donner autrefois. Telle est la pensée qui a présidé à la création des comités historiques organisés, en 1833, par M. Guizot, près du ministère de l’instruction publique.

Déjà, en Angleterre, la commission des records a joint aux recueils précédens de Warthon, Twisden, Saville, Camden, et à la grande collection des historiens anglais préparée par M. Cooper, la publication de documens originaux d’une haute portée. D’autres travaux particuliers, comme ceux de M. Molini pour l’Italie, comme ceux d’un grand nombre d’archéologues allemands pour l’histoire des confédérations germaniques, ont répondu à ces publications officielles. En Belgique aussi, une commission légalement organisée s’est distinguée par des travaux que nous essaierons peut-être d’apprécier quelque jour, et qui sont trop peu connus ici, malgré le jour vif qu’ils jettent sur certaines portions de nos annales nationales. La France, toujours et partout la première, ne pouvait pas dignement accepter le repos, au milieu de ce mouvement scientifique qui vient de se manifester même dans les états sardes par la publication des Leges municipales, et qu’elle avait devancé en plusieurs points.

Nous n’avons pas à examiner à cette heure l’organisation primitive des comités historiques près le ministère de l’instruction publique, non plus que les modifications dont ils ont été depuis l’objet. Pour plus d’indépendance en effet, la critique ne doit pas s’inquiéter de ces questions de personnes et prendre parti dans les querelles, d’ailleurs assez vives, qu’ont soulevées l’accroissement donné au nombre des comités, et l’égale répartition des fonds alloués sur chaque spécialité. Qu’importe en effet à la critique ? ce sont là des détails, des affaires d’administration ou d’académies. Or elle ne doit exclusivement asseoir son jugement que d’après les résultats, car les résultats seuls, en définitive, ont quelque valeur pour la science. C’est donc par les documens publiés, par les monumens qu’ils préparent, et non par leur organisation plus ou moins satisfaisante, plus ou moins vicieuse, que les comités doivent être