Dans les occasions gaies, dans les noces, dans les heureux anniversaires, dans les repas, la vanité royale et aristocratique ne manqua pas, non plus, en Grèce, de recourir à la poésie ; et non-seulement elle fit appel à la muse épique et lyrique, mais elle mit encore à contribution le génie dramatique.
Aux temps homériques, les chanteurs allaient, comme nos jongleurs du moyen-âge, célébrer les exploits des héros dans les fêtes, les assemblées publiques et les palais des rois, préférant toujours la chanson la plus nouvelle[1]. Chacun même des petits princes de la Grèce fédérale avait alors son chantre attitré, qui ne manquait pas aux jours de fête d’égayer le festin du pasteur des peuples. Ainsi faisait Phémius à Ithaque, ainsi Démodocus à la cour du roi des Phéaciens, ainsi le chanteur qu’Agamemnon avait laissé dans son palais près de Clytemnestre. C’est, dans l’Odyssée, une scène à la fois touchante et risible, que celle où le chantre divin, Phémius, au milieu du massacre des prétendans, embrasse les genoux d’Ulysse et demande la vie, affirmant que c’est malgré lui qu’en l’absence du héros il a chanté pour les usurpateurs de ses domaines.
La voix de ces anciens poètes, que l’on payait toujours des plus grands éloges et des mets les plus succulens, était soutenue des sons de la lyre. Le plus ordinairement les paroles de ces chansons servaient de texte et les airs servaient d’accompagnement à des danses figurées. L’orchestique, en effet, fut, dès la plus haute antiquité, une des parures des banquets splendides.
Et ailleurs
Plusieurs fois ces deux derniers vers sont répétés dans les poèmes homériques, et toujours deux danseurs ou cubistétères sont désignés comme nécessaires. Cette dualité constante suffirait pour faire supposer que cette danse