Page:Revue des Deux Mondes - 1838 - tome 14.djvu/508

Cette page a été validée par deux contributeurs.



CONGRÈS DE VÉRONE,
Par M. de Chateaubriand.

En détachant ces deux volumes du tableau de sa glorieuse vie, M. de Châteaubriand ne vient pas réclamer de son siècle quelques applaudissemens de plus. Dans la solitude où il s’enferme, après avoir épuisé la coupe de toutes les grandeurs et de toutes les vanités humaines, il ne serait pas beaucoup plus flatté, on peut le croire, de quelques éloges, que sensible à quelques critiques plus ou moins justes, inspirées par certains détails de ce livre. C’est une œuvre exclusivement politique qu’il présente à ses contemporains : son seul but est de justifier une conception hardie qui fut la pensée principale de son existence publique.

Après avoir ouvert de nouvelles sources à la poésie de son temps, et réchauffé au foyer de son ame des inspirations que le siècle croyait éteintes, M. de Châteaubriand devait monter aussi sur ce théâtre où le gouvernement représentatif, ce grand consommateur d’hommes, pousse sans pitié toutes les renommées, pour leur faire traverser la dévorante épreuve de la tribune et du pouvoir. M. de Châteaubriand a été ministre dans l’intervalle de deux révolutions, dont l’une éleva l’échafaud de Louis XVI, et l’autre sanctionna l’exil de sa race. Entre ces deux termes se placent quinze années remplies sans doute par bien des fautes, mais durant lesquelles la France a fait le sérieux et paisible apprentissage de sa liberté, époque où la lutte avait quel-