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REVUE. — CHRONIQUE.

nouvelles négociations qui s’ouvrent à ce sujet dans la conférence de Londres ; l’état de la Prusse et les affaires d’Orient. En cherchant à éloigner cette discussion jusqu’à la session prochaine, le cabinet faisait un acte de prudence politique et de bonne administration financière à la fois. Si ces difficultés, qui lui font désirer l’ajournement, s’étaient trouvées aplanies, il lui eût été possible de faire une meilleure part à la réduction et de rendre la mesure plus large. Une loi faite d’avance pour être exécutée plus tard peut manquer du caractère d’opportunité nécessaire. La chambre semble décidée à voter cette loi dans la présente session. Le ministère insistera seulement sur la nécessité de fixer l’époque où elle sera mise en vigueur, et il s’engagera à en rendre compte à la chambre dans le courant de la session prochaine.

Le ministère s’est, en outre, entendu sur le mode de la conversion. La chambre sera invitée à l’aider sur les moyens d’effectuer l’opération, soit par un emprunt, soit en offrant aux rentiers un fonds qui les décide à prendre la place des banquiers, et à s’intéresser eux-mêmes à la conversion. Les circonstances, les effets de la décision de la chambre, la disposition des esprits au moment de l’opération, peuvent seules indiquer les mesures à suivre. En imposant au ministère la condition de réduire les rentes 5 pour 100 d’un demi ou de trois quarts pour 100, pas moins, la chambre aura assuré la conversion. La création d’un fonds 3 et demi pour 100 avec augmentation de capital, et d’un fonds 4 et demi pour les rentiers qui veulent échapper à tous les hasards de la spéculation, remplirait le but qu’on se propose, puisqu’on se propose la conversion, et qu’on cherche à froisser le moins possible ceux qui doivent la subir. Pour l’amortissement, il sera vivement défendu par le ministère, et on sait qu’il trouvera des soutiens dans la chambre sur cette question.

Quant au reproche fait à M. Molé et à ses collègues d’avoir abandonné leur parti, en consentant à discuter les plans de conversion dans la chambre ; ce reproche n’est pas fondé. Ceux qui se sont élevés contre la conversion l’ont fait de leur propre gré. Ils n’ont pas cru soutenir le ministère, et ne se sont pas crus en droit d’être soutenus par lui. L’opportunité, mise en avant par le ministère, a été une objection loyale et non une fin de non-recevoir, comme le prétendait l’opposition. Cette objection a été écartée par la chambre, le ministère est resté avec ses opinions favorables à la réduction de la rente, et les partisans de l’opinion contraire ont continué de combattre la mesure. Il n’y a là trahison de la part de personne, chacun était bien averti, et personne ne récrimine que l’opposition, qui est bien bonne, en vérité, de s’intéresser de la sorte à ceux qui appuient le ministère.

En attendant que la discussion des rentes donne matière à son ardeur, l’opposition ne néglige aucune occasion de se tenir en haleine. Samedi, elle a cru devoir faire grand bruit d’une lettre d’un aide-de-camp du roi au président de la chambre, qui indiquait l’heure à laquelle le roi recevra la députation de la chambre, à l’occasion de sa fête. Il s’est trouvé des cas où de