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mêmes le mouvement de la production. Rassurés sur les premiers besoins de la vie, les ouvriers se reposèrent volontiers les uns sur les autres du soin d’accomplir le travail, et un déficit flagrant dans les produits donna aux espérances préconçues le cruel démenti des faits. M. Owen n’attribue ces résultats qu’à un défaut de préparation dans les caractères ; mais c’est là résoudre toujours la question par la question, et demander une population d’anges pour constituer une bonne société humaine. Le véritable dissolvant de New-Harmony fut le principe de la communauté, principe à la fois insensé et stérile, soit qu’il procède du stoïcisme et de la privation, soit qu’il invoque des satisfactions impossibles.

Il faut toutefois rendre justice à l’essai de New-Harmony, qu’en dehors de cet échec et de ce mécompte, il sut reproduire et continuer une portion des bienfaits créés à New-Lanark. L’enfance, ce grand espoir de M. Owen, fut surveillée avec une attention particulière ; on y perfectionna toutes les méthodes d’éducation, on parvint même à obtenir des adultes ce qu’on demandait vainement à l’âge viril, une exploitation agricole conduite avec ensemble et avec ardeur. Des sociétés d’arts mécaniques et d’agriculture furent formées dans le principal centre de New-Harmony, et le petit noyau d’hommes d’élite qui s’était attaché à la fortune de M. Owen chercha, sous son inspiration, à dégrossir et à civiliser cette population presque primitive. On eut des bals, des concerts, des soirées ; on mêla les travaux les plus humbles aux occupations les plus libérales. Ainsi, en sortant de la vacherie, les jeunes femmes se mettaient à leur piano, ce qui amusa fort le duc de Saxe-Weymar, lorsqu’il visita New-Harmony. Un costume spécial avait été ordonné : c’étaient pour les femmes des robes flottantes à l’antique, pour les hommes la tunique grecque avec le large pantalon. Autant que possible, on chercha à faire tomber en désuétude ces mille distinctions subtiles que notre vanité sociale a créées, et qui trouvent autant de racines dans les habitudes de tous que dans les prétentions de quelques-uns. Les logemens furent disposés, meublés, de la même façon ; le vêtement fut uniforme, la nourriture commune. La vie animale était si abondante et si facile, que la nourriture des colons ne coûtait pas plus de trois à quatre sous par tête. Ainsi, quoique livrée à des élémens de désorganisation intérieure, cette colonie américaine n’en était pas moins beaucoup plus heureuse et beaucoup plus régulière que ne l’est notre grande et maladive société.

Tout incomplètes que fussent la communauté de New-Harmony