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HISTOIRE POLITIQUE DES COURS DE L’EUROPE.

même du duché d’Oldenbourg : nous dirons plus tard les graves circonstances qui accompagnèrent et suivirent la réunion de ce petit territoire à la France.

À l’occasion des derniers décrets, Napoléon annonça l’intention de conserver à l’empire français les embouchures de l’Escaut, du Rhin, de l’Ems, du Weser et de l’Elbe, et d’établir, au moyen d’un canal maritime, une navigation intérieure entre la France et la Baltique. C’était là sans doute une conception grandiose et qui allait à la taille de son génie ; mais elle révélait la résolution évidente de passer le Rhin, de porter les limites de l’empire sur la rive gauche de l’Elbe, et de disputer la Baltique à l’influence de la Russie. De si vastes projets n’étaient guère de nature à rassurer la cour de Saint-Pétersbourg.

La Prusse, trop abaissée pour avoir une volonté libre, reçut de l’empereur Napoléon l’injonction de fermer ses ports à tous les bâtimens américains, et d’y confisquer toutes les denrées coloniales qui s’y trouveraient entreposées ; et, en vassale tremblante, elle s’empressa d’obéir à ses ordres.

Le gouvernement danois fut de même invité à appliquer nos décrets à ses ports. Non-seulement il s’empressa de nous satisfaire ; mais, afin de paralyser plus sûrement la contrebande anglaise, il mit l’embargo sur tous les navires de ses sujets : il avait à venger contre l’Angleterre des injures de tous genres et de toutes dates, et il saisissait avec ardeur toutes les occasions de lui nuire et de la frapper.

La Suède reçut la même injonction que la Prusse et le Danemark. Ce royaume a rempli, dans les dernières années de l’empire, un rôle tellement important, que nous sommes forcés d’en parler avec quelque étendue.

Pendant la lutte fatale et récente où l’avait engagée son roi contre la Russie et la France, la Suède n’avait pas cessé un seul jour de témoigner à l’Angleterre un grand dévouement ; elle avait offert à ses navires des ports sûrs et nombreux où ses produits étaient entreposés, et d’où ils étaient ensuite exportés en quantités énormes sur le continent, qui les recevait en fraude. Aussi, Napoléon avait-il jugé qu’il était d’une importance majeure, pour le triomphe de son système, que la Suède l’adoptât. Il en fit la condition fondamentale de la paix qu’il conclut le 6 janvier 1810 avec ce royaume, et elle fut reproduite dans son traité avec le Danemark. Quant à celui que la Suède conclut avec la Russie, et par lequel elle céda à cet empire la Finlande et les îles d’Aland, le cabinet de Saint-Pétersbourg admit une exception à l’application, dans les ports de cet état, du système continental, en faveur des denrées coloniales et du sel, et il autorisa ce royaume à recevoir ces produits comme par le passé, par la voie directe de l’Angleterre. Cette clause irrita l’empereur Napoléon, qui s’en plaignit vivement à Saint-Pétersbourg, et qui, pour son compte, ne voulut jamais l’admettre. Cette différence, qui était capitale dans la manière dont la France et la Russie entendaient l’exécution du système continental, tenait au fond même de leurs intérêts et de leur politique.

Les intérêts de toute nature de la Suède l’entraînaient vers l’Angleterre. Protection contre la Russie, maintenant surtout qu’elle avait perdu la Finlande,