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DU RÉSEAU DES CHEMINS DE FER.

monde, l’expérience, n’entraîne pas d’accidens et n’a d’autre défaut que d’accroître, dans une proportion médiocrement considérable pourtant, les frais courans d’exploitation, et que de ralentir d’un tiers ou d’un quart la vitesse, mais qui a l’inappréciable avantage de coûter huit fois moins que le système anglais ?

Placés, sous le rapport de l’étendue du territoire et sous celui de l’abondance des capitaux, dans le juste milieu entre l’Angleterre et les États-Unis, ne devrions-nous pas nous tenir également dans ce juste milieu, en ce qui concerne le mode de construction de nos chemins de fer, à moins que nous ne voulions expérimenter sur la fortune publique après avoir épuisé les expériences sur les formes du gouvernement, ou que, dans un débordement d’abnégation et de longanimité, nous ne consentions à procéder à l’ouverture de ces communications rapides au travers de notre France, avec une lenteur qui permettrait à nos petits-enfans seuls d’en apprécier le bienfait ?

La dépense excessive qu’entraînerait l’exécution des chemins de fer, si nous les établissions dans le système auquel l’administration des ponts-et-chaussées a accordé la préférence, tiendrait à certaines règles que nos ingénieurs se sont imposées, et parmi lesquelles on en distingue trois surtout qui sont onéreuses. Ce sont :

1o Un maximum de pente qui n’est que le dixième ou même le vingtième du maximum fixé pour les routes ordinaires. De là la nécessité de combler les vallées et de trancher les montagnes.

2o Un minimum très élevé pour le rayon de courbure à employer dans les tournans. De là l’obligation de ne tenir aucun compte des difficultés naturelles du sol, et encore une fois, de combler les vallées et de trancher les montagnes au lieu de se conformer dans une certaine limite aux contours du terrain et à ses inégalités.

3o L’établissement d’une double voie tout le long du chemin, de manière à en avoir une exclusivement réservée aux transports qui s’opèrent dans un sens, et une seconde pour les trains qui vont en sens contraire.

Il serait bon d’examiner :

1o Si nous devons absolument et toujours nous imposer pour les pentes un maximum de trois ou de trois et demi millièmes ;

2o Si nous devons nous interdire des rayons de courbure de moins de mille mètres[1] ;

3o Si partout et toujours les grandes lignes ont besoin d’avoir deux

  1. Il y a un an, l’administration admettait des pentes de 5 millièmes, et des rayons de courbure de 500 mètres.