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CONGRÈS DE VÉRONE.

mèrent le souverain de France, en criant : Vive le roi ! Ce mot renfermait toute la constitution ; il créait le monarque que Jeanne d’Arc devait faire sacrer à Reims : Charles VII était mort, Ferdinand était captif.

Cependant, à Madrid, on méditait d’enfoncer les portes des prisons pour en finir avec les détenus ; les émigrations commençaient ; la Méditerranée se couvrait de proscrits embarqués sous les orangers de Carthagène ; l’Océan emportait les voiles des pélerins qui désertaient les montagnes de Saint-Jacques ; les fugitifs étaient poursuivis sur la mer par ces lampons des Euménides, que redisait le rivage espagnol, et que leur portait, au milieu des vents, le refrain des vagues :

Tragala, tragala.
Tu servilon,
Tu que no quieres
Constitucion.

Dicen que el rey no quiere
Los hombres libres ;
Que se vaya a la…
A mandar serviles.

Tragala, tragala.

Avale-la, avale-la,
Toi grand servile,
Toi qui n’aimes pas
La constitution.

On dit que le roi n’aime pas
Les hommes libres ;
Qu’il s’en aille à la…
Commander les serviles.

Avale-la, avale-la.

Ferdinand s’en allait où l’appelait la ronde infernale ; le congrès des rois s’assemblait en Italie ; lord Londonderry s’était coupé la gorge à Londres, et nous, nous partions pour Vérone.


Chateaubriand.