les airs le ptérodactyle avec son corps de serpent et ses ailes d’oiseaux ; lâchez dans les mers les gigantesques reptiles des vieux âges, et maintenant voyez combien ce spectacle de la nature créatrice et vivante surpasse les combinaisons de l’esprit humain, et ses imaginations les plus hardies.
Aussi n’est-ce que par une contemplation minutieuse et assidue des êtres que l’on parvient à entrevoir, dans toute sa vérité, dans toute sa grandeur, dans toute son utilité, la réalité elle-même. Et cette contemplation, pour qu’elle profite, pour qu’elle perce peu à peu le voile mystérieux d’Isis, pour qu’elle agrandisse le champ, à jamais illimité, de la science, ne doit être ni l’œuvre d’un homme, ni l’œuvre d’un peuple, ni l’œuvre d’un siècle. Tout y concourt, les travaux ignorés des temps les plus obscurs comme ceux des temps les plus brillans, les efforts de la masse comme ceux des plus puissans génies. Ce n’est pas trop du labeur de tout le genre humain pour rendre intelligibles quelques parties de cet immense ensemble, où l’homme vit, porté, au milieu de l’espace infini, sur sa planète comme sur un esquif, éclairé des rayons d’un soleil centre commun de plusieurs autres mondes, et entouré d’êtres qui, comme lui, foulent la terre et se réjouissent sous l’influence du père de la chaleur et de la lumière.
Il s’éleva, peu de temps avant la révolution de juillet, dans le sein de l’Académie des sciences, une discussion entre MM. Cuvier et Geoffroy Saint-Hilaire, discussion qui porta sur les questions les plus hautes de la zoologie, et qui fixa l’attention, même au moment des préoccupations politiques les plus graves. Ce n’était pas la première fois qu’elle était posée, mais c’était la première fois qu’elle prenait tant de solennité, et l’éminence des deux hommes qui portaient la parole ne contribua pas peu à appeler l’intérêt. Il s’agit avant tout de la préciser. Goëthe a eu toute raison de dire que devant le public cette question ne peut être traitée par les détails, mais qu’il faut la ramener à ses premiers élémens. C’est ce que je vais essayer de faire.
De tout temps les anatomistes et les naturalistes avaient comparé les animaux entre eux. Les métamorphoses des hommes en oiseaux et en bêtes, créées d’abord par l’imagination des poètes, furent déduites logiquement, par d’ingénieux naturalistes, de la considération des parties animales. « Nous pouvons donc soutenir hardiment, dit Goëthe, que les êtres organisés les plus parfaits, savoir : les poissons, les reptiles, les oiseaux et les mammifères, y compris l’homme, qui