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RŒDERER,
SA VIE ET SES TRAVAUX.[1]

Messieurs,

Les sciences dont vous vous occupez et auxquelles notre siècle devra, je l’espère, une partie de sa gloire, sont d’un ordre encore plus relevé et d’un accès encore moins facile que toutes les autres. Leur objet est l’homme même. Elles l’étudient depuis des siècles et ne le connaissent pas suffisamment. Elles ne sont point parvenues à déterminer ce qu’il y a d’immuable en lui et ce qu’il y a de changeant, à séparer les élémens éternels de son organisation des accidens successifs de son histoire, et à donner ainsi l’explication de sa nature et les lois de son développement

Il ne faut point être surpris que les sciences relatives à l’homme, compliquées comme ses facultés, variées comme ses rapports, étendues comme les phases de sa longue histoire, aient été poursuivies dans tous les temps et n’aient pas encore été fixées dans le nôtre. Les législateurs immortels des nombres qui ne varient pas, des cieux dont les évènemens sont si réguliers, du mouvement qui obéit à des forces constantes, de l’espace qui affecte ou qui admet des formes géométriques, nous ont à peine précédés de quelques générations ; plusieurs même ont vécu au milieu de nous. Les fondateurs de la physique et de la chimie sont presque tous nos contemporains. La belle théorie et l’imposante histoire de la terre ont commencé de nos jours et se continuent sous nos yeux. Les sciences qui ont pour but les lois, non

  1. Cette notice a été lue le 27 décembre à la séance annuelle de l’Académie des Sciences morales et politiques.