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MUSICIENS FRANÇAIS.

qui ne sacrifie jamais la correction au mouvement, la règle à la curiosité, quelque chose qui ne peut venir d’Allemagne, et que M. Halévy tient de la manière de M. Cherubini. En outre, M. Halévy traite avec une habileté rare la partie de la déclamation ; son récit, sans s’élever jamais bien haut dans l’expression, va au fait et ne manque ni de clarté, ni de force : avec quelque imagination, M. Halévy eût représenté assez dignement l’école française. Maintenant, s’il faut parler de l’avenir de ce talent que nous avons essayé d’apprécier, nous croyons pouvoir prédire qu’il se maintiendra toujours sur un pied convenable. En effet, quand il ne s’agit plus d’inspiration, mais de science, le calcul remplace les prévisions ; car là rien n’est donné au hasard du sujet, aux caprices de l’esprit, qu’un rayon égaye et qu’un nuage attriste, aux mille fantaisies du cœur. Le talent demeure égal à lui-même ; il n’y a que le génie qui tombe, parce qu’il n’y a que lui qui s’élève.


Henri Blaze.