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ORIGINES DU THÉÂTRE.

des franchises à peu près semblables, et même des délivrances de prisonniers aux grandes fêtes de Noël, de Pâques et de l’Ascension[1].

FÊTES LOCALES. — PANATHÉNÉES.

Chaque contrée, chaque ville, et presque chaque bourg était placé sous la protection d’une ou de plusieurs divinités. C’est à l’occasion de ces fêtes, que nous appellerions patronales, que se déployait particulièrement l’instinct dramatique du peuple grec. De toutes ces fêtes, je ne décrirai que les Panathénées, ou fêtes de Minerve à Athènes.

Comme les Éleusinies, les Panathénées étaient à la fois annuelles et quinquennales. Les Panathénées annuelles étaient les petites[2] ; les quinquennales étaient les grandes Panathénées.

Dans l’origine, les fêtes de Minerve s’appelaient seulement Athénées. Leur première institution à Athènes remonte à une époque entièrement fabuleuse. Elles ne reçurent le nom de Panathénées que quand Thésée les renouvela pour perpétuer la mémoire de la réunion des bourgs dont il forma, ou plutôt dont il accrut la ville d’Athènes. Cette solennité commune à tous les habitans de l’Attique, ne durait d’abord qu’un jour ; mais on joignit successivement à cette fête nationale diverses commémorations qui la prolongèrent. C’est ainsi qu’au souvenir de Thésée on associa celui d’Harmodius et d’Aristogiton, et plus tard celui de Thrasybule. La plus longue durée de ces fêtes paraît avoir été de trois jours ; du moins il est certain qu’elles offraient successivement trois espèces de jeux et de concours distincts, ce qui semble favorable à l’opinion de ceux qui croient qu’elles se divisaient en trois journées

PETITES PANATHÉNÉES.

Les petites Panathénées commençaient le 20 du mois thargélion. Le premier jour, ou plutôt la première nuit était consacrée à une course aux flambeaux. Cet exercice que l’on appelait lampadodromie, avait lieu à l’Académie ou au Céramique, comme dans les fêtes de Prométhée et de Vulcain. Un passage de Platon autorise à penser que les courses de ce genre s’exécutaient aussi quelquefois au Pirée[3]. La lampadodromie consistait à porter en courant une torche allumée et à se la transmettre de main en main sans la laisser éteindre[4]. Les spectateurs prenaient aussi part à

  1. Voyez surtout un curieux chapitre du liturgiste Jean Beleth, De quâdam libertate decembri.
  2. Le Scholiaste d’Aristophane (in Pac., v. 417) nie l’existence des Panathénées annuelles, et l’auteur anonyme de l’argument du discours de Démosthènes contre Midias prétend que les petites Panathénées étaient triennales. Si ces assertions inconciliables ne sont pas de pures erreurs, il faut en conclure que l’époque de la célébration des Panathénées a plusieurs fois varié.
  3. Plat., De republic., lib. i, pag. 328, C.
  4. id., ibid., A, — Lucrèce (De nat. rerum, II, v. 73) a tiré de cet usage une belle allusion à la métempsycose : Quasi cursores vitaï lampada tradunt.