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CHRONIQUE DE LA QUINZAINE.
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28 février 1838.


Le ministère a présenté à la chambre deux projets de loi qu’on a qualifiés de gigantesques, et ils le sont, en effet. L’un est relatif aux canaux ; l’autre concerne les chemins de fer. À la fin de la session de 1837, un crédit de 193 millions a été ouvert pour des travaux de routes, de canaux et de navigation des rivières. Ces travaux, déjà votés, se trouvent aujourd’hui coordonnés et liés entre eux par le système général de navigation intérieure et de communications qu’établissent ces deux projets de loi, qui sont, en quelque sorte, un budget moral des travaux publics à exécuter en France pour en faire le marché central de l’Europe.

Au moyen des chemins de fer indiqués par le projet de loi, Paris se trouverait communiquer, par la voie la plus rapide, avec Rouen, le Hâvre, Dieppe, Boulogne, Calais, Dunkerque, Lille, Valenciennes, Metz, Nancy, Strasbourg, Lyon, Marseille, Toulouse, Bordeaux, Nantes et Bayonne ; il y aurait une ligne de chemins de fer de Bordeaux à Marseille, et une autre de Marseille à Strasbourg, le long des frontières de l’est. Des départemens tout-à-fait inconnus les uns aux autres, sous le rapport commercial, se trouveraient, pour la première fois, avoir de directes communications.

Pour les canaux, une ligne de navigation s’étendrait de Bordeaux sur l’est, le nord et l’ouest, c’est-à-dire de l’Océan à la frontière d’Allemagne, à la mer du Nord et à la Manche ; de Marseille, c’est-à-dire de la Méditerranée à la frontière de l’est, à la mer du Nord et à la Manche. En outre des lignes transversales mèneraient de Bayonne à Marseille, de Brest à Nantes et à Strasbourg, du Hâvre à Strasbourg par Paris, etc. — Un canal latéral à la Garonne, complément de celui du Languedoc, ouvrirait aux départemens du midi le passage de la Méditerranée à l’Océan, du golfe de Lyon au golfe de Gascogne. Un chemin de fer latéral au Rhône, en se liant par la Saône avec le canal qui unit déjà le bassin du Rhône avec celui du Rhin, établirait une troisième ligne de transit des ports de l’Océan sur l’Allemagne. En sorte qu’une fois le canal de jonction du Rhin au Danube terminé, une route navigable s’ouvrirait pour l’Europe des côtes de la Manche à celles de la mer Noire, du Hâvre à Constantinople et à Odessa.

Il est facile, même sans jeter un regard sur la carte, de se pénétrer de la