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LES CÉSARS.

iv.

CLAUDE.


Étrange famille que celle des Césars ! elle avait absorbé dans son sein les plus grands noms de l’ancienne Rome, les Jules, les Claudes, les Domitius, les Silanus ; les noms les plus illustres de la Rome nouvelle, les Octavius, les Agrippa. Mais que produira ce mélange ? Ces hommes civilisés, si bien élevés, si polis, sont des barbares pareils à nos rois barbares de la première race ; c’est l’histoire de la famille de Clovis, des Hramn et des Hilprik au vie siècle, et encore, moins le baisse la tête, fier Sicambre.

Je ne connais pas, même dans Tacite, de page plus simplement éloquente que la sèche et technique généalogie des Césars. On voit là tout grossièrement et sans phrase cette famille confuse, cet abus des adoptions et des divorces qui mêle les noms et le sang ; ces femmes aux trois ou quatre maris, ces empereurs aux cinq ou six femmes. Celui-ci a été empoisonné par Séjan ; cet autre a reçu l’ordre de mourir ; cet exilé a été tué dans son exil ; Julie la mère, après trois mariages, a été bannie par son père pour ses débauches, et Tibère l’a fait mourir de misère à Regium ; Julie, la fille convaincue d’adultère, a péri misérablement dans une île ; Junia Calvina a été exilée comme coupable d’inceste ;