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EXPÉDITION DE CONSTANTINE.

mens naturels taillés à pic, ou par d’énormes reliefs escarpés verticalement. Dans les parties parfaitement inaccessibles, une simple ligne de maisons contiguës, et qui étaient crénelées, couronne la crête du roc. Mais partout où les voûtes suspendues au-dessus du Rummel diminuent la profondeur du précipice ; partout où un ressaut de rochers, retenant les terres entraînées par les pluies, sert de base à quelque talus qui pourrait adoucir les difficultés de l’escalade, des défenses artificielles, des murailles à créneaux réguliers, des bastions, des batteries, rendent à la position les avantages qu’ailleurs lui donne la nature. Il y a surtout deux points où le travail de l’homme se concentrant a formé comme des nœuds de résistance : ce sont ceux où s’emboîtent, avec le massif de la place, les deux extensions, l’une naturelle, l’autre factice, par lesquelles il se rattache, on pourrait dire, au corps du pays, d’un côté à Kodiat Aty par la langue de terre du sud-est, et de l’autre au Mansoura par un pont, que soutiennent, à une grande hauteur, deux étages d’arches en maçonnerie, soutenues elles-mêmes par une arche de rochers. Une grosse tour carrée ferme le pont du côté de la ville, et deux batteries le défendent sur la droite. En face de Kodiat-Aty sont des remparts en pierres de taille, des batteries casematées, des saillans d’où on peut lancer sur les portes un réseau de feu, de l’artillerie et de la mousqueterie, plongeant sur tous les passages et convergeant même des parties les plus fuyantes sur toutes les avenues ; enfin tous les moyens que peuvent suggérer l’instinct de la guerre, et l’habitude de l’attaque et de la défense, à un esprit inventif, mais que l’étude et la science n’auraient pas fécondés.

Au moment où l’on se présenta devant Constantine, ceux qui l’avaient vue l’année précédente, au premier instant de l’arrivée, se sentirent comme reportés de dix mois en arrière. Ils purent croire que l’image laissée par cet aspect dans leur mémoire s’animait et se réalisait, tant la physionomie de la ville était restée la même, malgré plusieurs modifications matérielles qu’avaient apportées aux contours les soins de la défense. Les mêmes drapeaux, arrogans et hostiles, flottaient aux mêmes lieux. Les gloussemens des femmes et les cris des hommes faisaient vibrer les airs des mêmes sons aigus et métalliques. Toute la cité était comme tremblante d’excitation fébrile. Le gouverneur-général, arrivé sur le plateau avec la première brigade, observa la ville de différentes positions. Si tôt que quelque indice faisait soupçonner aux assiégés la présence sur un point d’un groupe de Français, ils lançaient dans la direction, avec une rectitude remarquable, une bombe ou un boulet. Ils essayèrent même de troubler, par une sortie, l’établissement de nos troupes, avant qu’elles ne fussent encore complètement arrivées et développées. En face du pont débouche un ravin, séparant le plateau de Mansoura des hauteurs de Sidi-Messid, et dont les pentes sont couvertes d’aloès qui, par leur disposition régulière en quinconce, imitent des vignes. Deux ou trois cents tirailleurs turcs et kabaïles se glissèrent par cette voie, et à la faveur de ces difficultés de terrain, jusqu’au-dessous des escarpemens, le long desquels commençaient à se former quelques pelotons du 2e léger. Ceux-