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EXPÉDITION
DE
CONSTANTINE.

Dans les derniers jours de septembre, le corps d’armée destiné à marcher sur Constantine se trouvait réuni à Medjez-Amar. Pendant plusieurs mois, de fâcheuses circonstances avaient longuement miné le terrain sur lequel reposait la possibilité de l’entreprise, et au moment même de l’exécution, de nouveaux accidens, qui éclatèrent à l’entrée de la carrière, l’encombrèrent de difficultés imprévues, l’entourèrent de funestes augures, et projetèrent jusque sur les dernières perspectives l’ombre de tristes pressentimens. Les maladies, qui en Afrique semblent sortir de toute terre que le pied des Français foule pour la première fois, avaient suivi pas à pas nos soldats de Bone à Medjez-Amar, s’avançant et campant avec eux à Dréan, à Nachemeïa, à Guelma. L’armée était affaiblie, épuisée ; il fallait la raviver et la reconstituer en versant dans son sein des troupes fraîches et intactes. On demanda l’envoi de nouveaux régimens. Le 12e de ligne arriva le premier, et trois jours après son débarquement, le choléra se déclara dans ses rangs. Chaque retard recelait un germe de mort. La saison pressait ; la maladie se développait ; la terre tremblait et manquait sous les pas, et l’avenir semblait ne pouvoir que réaliser ou même exagérer dans leurs effets les menaces du présent. Voilà sous quels auspices s’ouvrait la campagne. Bien des esprits s’assombrissaient. Les souvenirs cette fois n’étaient plus des espérances. Les images