dont l’auteur, M. de Valincourt, secrétaire-général de la marine, fut chargé de diriger l’éducation maritime du comte de Toulouse, bâtard de Louis XIV et amiral de France, à qui le traité est destiné. Ce travail, rédigé par un homme de beaucoup de savoir, de jugement, et d’une portée de vues aussi élevée que lucide, est un document d’une haute importance historique, et probablement même encore pratique en matière de droit maritime. On ne saurait rien faire d’aussi précis et d’aussi complet en même temps.
La guerre qui reprit après la révolution de 1688, vint rouvrir une carrière plus vaste au courage et au génie de nos marins. Le combat livré dans la baie de Bantry par Chateaurenault, et surtout la bataille de Beveziers, où Tourville commandait une flotte de soixante-dix voiles, la plus forte que la France eût jamais rangée en bataille, montrèrent notre marine plus puissante que jamais.
Pendant les années 1690 et 1691, les campagnes de Tourville dans l’Océan et de d’Estrées dans la Méditerranée n’amènent pas de grands résultats. En 1692, Tourville, aigri par les calomnies et les injustices, forcé d’ailleurs par des instructions positives, engage, avec quarante-quatre vaisseaux et treize brûlots, contre cent trente-six vaisseaux, brûlots ou frégates, cette mémorable bataille de La Hogue, qui porta à la marine française un coup dont elle ne se releva pas. Tout ce que purent faire le courage à toute épreuve et la science consommée de Tourville, ce fut d’en sauver quelques débris. Deux ans après, il fallut fondre ensemble les escadres de Levant et de Ponant pour former une flotte de cinquante vaisseaux, sept frégates et autant de brûlots, qui obtinrent, contre un ennemi beaucoup plus fort, un stérile avantage à la bataille de Malaga. La marine royale était réduite à rien, et l’épuisement des finances ne permettait pas de la rétablir. On eut recours aux expédiens. Le gouvernement excitait les particuliers à faire la course et entrait de compte à demi dans leurs expéditions, en leur prêtant soit des hommes, soit des vaisseaux qu’un état de désorganisation complète laissait dépérir dans ses mains. Mais cela même acheva de ruiner l’esprit militaire et la discipline. Ce fut néanmoins avec ces élémens ingrats que Duguay-Trouin trouva moyen, sinon de relever la marine de son abaissement, du moins d’en tirer encore de quoi illustrer le nom qu’il portait, et lui donner un éclat que nul autre n’efface. C’est à Duguay-Trouin que reviennent les honneurs d’une bonne partie du cinquième volume de l’Histoire de la Marine, et c’est lui qui clot la liste des grands hommes de mer qu’a produits le siècle de Louis XIV. Deux mémoires, contenant les principes de MM. Louis et Jérôme de Pont-Chartrain, complètent, avec ceux de Colbert et de Seignelay, insérés dans les précédens volumes, une sorte d’histoire de l’administration de la marine pendant le demi-siècle que remplissent les ministères successifs de ces quatre hommes d’état. L’ouvrage est terminé par un dernier mémoire que Colbert fit rédiger en 1670, et qui embrasse tout le régime de la marine en Angleterre et en Hollande, depuis les arsenaux et la construction des vaisseaux jusqu’à l’organisation intérieure du personnel des bâtimens.