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dire, l’ame de Colbert ministre ; c’est l’esprit de son administration résumé en quelques pages. Il y a, nous le concevons très bien, non seulement une sorte de piété historique à exposer au grand jour un travail de ce genre, mais encore une utilité pratique et de tous les temps. Ces Principes de Colbert sont complétés par un tableau de son administration, avant même qu’elle eût eu le temps de répandre toutes les sources de richesse et de prospérité qu’elle avait ouvertes. Dès 1664, la marine marchande se composait de deux mille trois cent soixante-huit vaisseaux, jaugeant depuis 10 jusqu’à 400 tonneaux. Ce résultat, il est vrai, a été dépassé de beaucoup depuis lors, car, d’après un tableau mis en regard du premier, le commerce français avait en mer, en 1833, quinze cent vingt-cinq bâtimens, jaugeant ensemble 647,107 tonneaux. Mais il faut tenir compte des progrès amenés par le temps et les circonstances, et se souvenir que Colbert avait eu presque tout à créer. Les forces de la marine militaire allaient, en 1666, à trente-quatre vaisseaux de guerre, portant 11,770 hommes d’équipage et 1640 canons, sans compter douze vaisseaux de premier rang qui étaient alors en construction, les brûlots et les galères. Six ans plus tard, la flotte qui figura à la bataille de South-Wood-Bay comptait à elle seule trente vaisseaux, portant 1694 canons et 10,170 hommes d’équipage, cinq frégates et huit brûlots. À la mort de Colbert, en 1683, la France possédait deux cent soixante bâtimens de guerre ; à la mort de Louis XIV, en 1715, il lui en restait vingt-trois, plus dix-sept galères.

Le second volume est plus militaire que le premier. Il contient l’expédition de Candie en 1669, et la guerre de Hollande en 1672. La diplomatie n’y figure que pour les intrigues qui s’agitèrent autour de deux chapeaux de cardinal, entre le duc d’Albret, neveu de Turenne, et César d’Estrées, évêque de Laon, intrigues d’où M. Eugène Sue fait sortir la guerre de Candie, et pour le fameux voyage de Madame en Angleterre. Sur ce dernier sujet, l’auteur de l’Histoire de la Marine sous Louis XIV rapporte une lettre de M. Colbert de Croissy, ambassadeur en Angleterre, d’où il résulterait que le célèbre duc de Buckingham, dont la galanterie et la passion pour Madame sont connues, fut, dans des vues toutes personnelles, le premier instigateur de ce voyage, dont le retentissement politique fut si solennel, si emphatique et si prolongé.

L’expédition de Candie, qui n’eut pour résultat qu’une perte inutile d’hommes, d’argent et de vaisseaux, avait occupé 7000 et quelques cents hommes de troupes de terre, dont il revint environ 1500, vingt vaisseaux montés par 4844 hommes d’équipage et portant 914 canons, treize galères et trois galiotes à rames, portant 1467 soldats et 4822 forçats. Cette adjonction des galères aux autres forces de terre ou de mer a fourni à M. Eugène Sue l’occasion d’entrer dans quelques détails sur la construction et la figure de ce genre de bâtimens, sur le mode particulier de navigation, sur la discipline, sur les fonctions maritimes et stratégiques qui leur étaient propres ; sur leur armement, sur leurs manœuvres et leur vocabulaire ; en un mot, sur toutes les circonstances caractéristiques qui leur créaient une existence et une physio-