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de la terrible vierge, comme de nos jours Marat menaçait ses ennemis des baisers de la guillotine, et le seigneur se taisait et redevenait un serviteur fidèle et dévoué. Mais il est souvent arrivé que l’inventeur est mort victime de son invention. Morton, le vieux lion, comme on l’appelait, fut obligé un jour de résigner le pouvoir entre les mains du roi son maître, devenu majeur. Ce fut l’heure du triomphe et de la vengeance de ses ennemis ; accusé par eux de complicité dans le meurtre de Darnley, le père du roi, Morton fut jugé, condamné à mort, et, à son tour, il plaça sa tête blanche sous le fer de la maiden.

Le comte Patrick des Orcades, tyran des Shetland, fut un des derniers condamnés qui périt du supplice de la maiden[1]. Les usages anglais venant à prévaloir en Écosse, à la hache de la maiden on substitua la pendaison.


Frédéric Mercey
  1. La dernière exécution à l’aide de la maiden est celle du comte d’Argyle, condamné comme rebelle, en 1685, à avoir la tête tranchée. Il monta sur l’échafaud avec courage, et serra entre ses bras les poutres de la maiden en s’écriant : — Voilà la plus agréable fille que j’aie jamais embrassée ! »