et sans que je les nomme, les acteurs principaux de ce mouvement philosophique dont notre patrie peut être glorieuse ; vous avez reconnu celui qu’un choix récent de la Sorbonne vient d’appeler à seconder M. Royer-Collard, puis le professeur à qui la psychologie devra tant un jour, et à qui elle doit déjà tant d’observations neuves et profondes, le professeur qui, en se retirant, a bien voulu me désigner pour cette chaire ; enfin le plus illustre des élèves de M. Royer-Collard, celui dont l’infatigable activité dans la chaire, dans l’administration, dans l’Institut, a donné à toutes les branches de l’histoire de la philosophie une si vive et si salutaire impulsion ; qui, depuis plus de vingt ans, a porté presque seul tout le poids des études philosophiques de notre temps, et qui a su joindre à tous les devoirs de sa vie passée, les devoirs patriotiques qu’imposent les besoins de l’instruction populaire.
À côté de tous les travaux que j’ai cités, je pourrais ajouter les travaux de l’enseignement et de la presse ; puis ces autres travaux, tout actuels, qui ont signalé le réveil du péripatétisme, et dont je viens ici vous apporter pour ma part un faible écho.
Ainsi, l’école nouvelle a touché dans l’histoire de la philosophie à toutes les grandes époques, depuis les plus reculées jusqu’aux plus récentes : l’antiquité, la scholastique, la renaissance, et les temps modernes. Tout dernièrement, elle vient de citer à la barre de la clarté et de la précision françaises, les systèmes aventureux et trop souvent obscurs qui depuis soixante ans ont fait la gloire de la philosophie allemande. Elle a demandé à l’Écosse la prudence de sa méthode, la certitude de ses résultats : mais élargissant les vues des professeurs d’Édimbourg, elle a cherché dans leurs principes une régénération et une construction nouvelle des sciences philosophiques. Dans son impartiale équité, elle a remis en honneur tous les grands noms, les noms des hommes qui furent utiles aux progrès de l’esprit humain Elle a comblé bien des lacunes et réparé bien des injustices ou des erreurs. Dans ce vaste inventaire des trésors de la pensée, elle ne pouvait omettre le péripatétisme ; et par l’organe de cette classe nouvelle qu’avait créée notre révolution et qu’a rétablie la révolution de juillet, l’Institut de France évoque en quelque sorte du tombeau cette grande figure qui avait conduit et dominé tant de siècles. Il ne se pouvait, messieurs, une réparation ni plus éclatante ni plus décisive. Du reste, c’était bien à notre pays de la faire, et non point à un autre ; notre pays avait contracté envers Aristote une sorte de dette personnelle. Au moyen-âge, c’était la France, c’était l’université de Paris qui avait d’abord adopté Aristote, malgré l’église elle-même, et qui ensuite l’avait imposé à l’Europe entière, avec cet illustre enseignement, qui faisait dès lors, dans le monde occidental, cette fortune que nos armes et nos idées devaient avoir plus tard sous Louis XIV et sous le fils belliqueux de la république. Au moyen-âge, la France ne s’était pas trompée en se rangeant sous la bannière du Stagyrite ; c’était avec son aide que la pensée moderne, encore au berceau, avait creusé ce premier et bien pénible sillon où elle devait déposer les germes les plus précieux de son avenir et de son indépendance ; c’était avec l’aide d’Aris-