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reine-mère, dont il dirigeait la maison. On attribue cette disgrace, disent les journaux, à des relations que le baron entretenait avec le prince Charles de Capoue. Il n’en est rien, et les relations du baron de Schmuker avec le prince se bornent à de très mauvais traitemens qu’il en a reçus. Le baron de Schmuker, autrefois lieutenant au service d’Autriche, épousa une jeune personne qui était femme de chambre de la reine-mère, et entra au service de Naples comme commissaire des guerres (inspettore di guerra). Bientôt il donna sa démission pour devenir précepteur de langue allemande près des jeunes princesses de Naples, puis secrétaire des commandemens de la reine-mère, dont il a géré les affaires avec intelligence. Pendant le dernier séjour de la reine-mère en Suisse, il y a peu de mois, M. de Schmuker fut remplacé, en sa qualité de secrétaire des commandemens de la reine-mère, par le général Bosco, âgé de soixante ans, et il paraît que c’est à la demande même de la reine-mère que M. de Schmuker a été éloigné de sa personne. On voit que cette circonstance change tout-à-fait le rôle qu’on prête au roi de Naples dans cette affaire. Aussi est-ce uniquement pour rendre justice à ce souverain que nous rectifions le récit de cet évènement, qui a peu d’importance, même dans un pays où tout fait évènement.

Au nord, les difficultés s’étendent et se prolongent. Le roi Ernest-Auguste trouve de graves oppositions dans les différens états de l’empire germanique, où il semble que sa venue ait été le signal des discordes. La sagesse du gouvernement prussien, passé en proverbe, n’a pu prévenir et ne peut étouffer les mécontentemens des populations catholiques du royaume. La Bavière irrite tout par son zèle religieux ; le clergé belge a peine à se contenir dans une question qui le touche de si près ; et tout à coup, au moment le plus inattendu on dirait que l’Allemagne va se réveiller avec ses fureurs religieuses de la guerre de trente ans, et ses désirs de liberté de 1815. Heureusement pour la tranquillité de l’Europe, que la France ne cherche pas à profiter de ces dispositions et qu’elle est satisfaite de sa situation actuelle. Il est vrai que tout son rôle est d’attendre, et que si elle sait garder la paix pendant dix ans, et la faire garder aux autres, elle se trouvera en possession d’une prépondérance que vingt ans de guerre, et même de victoires, ne lui donneraient pas.


Revue musicale.

Le Théâtre-Italien est en ruines. La voix fière et puissante de Mozart est la dernière qu’ait entendue, sous ses lambris, ce sanctuaire charmant de la musique heureuse et facile ; ces murailles teintes de pourpre, ces colonnettes d’or, ces voûtes sonores, sans cesse parfumées de mélodieuses haleines, de-