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LETTRE
À M. LERMINIER
Sur son Examen Critique
du Livre du Peuple.

Monsieur,

Lorsqu’en novembre 1836, M. Sainte-Beuve publia dans la Revue des Deux Mondes la critique du livre de M. de La Mennais, intitulé Affaires de Rome, nous fûmes tenté de répondre. Des raisons d’amitié ne nous eussent point empêché de le faire ; car, si la discussion peut et doit être courtoise et sincère, c’est entre gens qui s’aiment ou qui s’estiment. Mais la plume nous tomba des mains, quand nous réfléchîmes au peu d’importance que le spirituel écrivain semblait attacher lui-même à son jugement. Le point de vue sceptique et le ton railleur de l’article en dérobaient volontairement le fond à toute discussion sérieuse. C’eût été une entreprise pédantesque que de vouloir combattre les fines plaisanteries et les charmantes frivolités de ce morceau purement biographique et littéraire[1].

Si aujourd’hui nous n’acceptons pas sans examen le jugement publié

  1. Nous regrettons vivement que l’auteur de cette lettre, entraîné sans doute par ses sympathies politiques, ait méconnu l’une des qualités distinctives de M. Sainte-Beuve. L’écrivain sincère et loyal qui a rendu compte du livre de M. de La Mennais sur les Affaires de Rome, dans cette Revue, a toujours pris au sérieux les questions et les hommes dont il a parlé ; il n’a jamais mérité le reproche de frivolité. Mais notre respect pour la libre expression de toutes les pensées de quelque importance ne nous permettait pas de modifier une opinion que nous sommes loin de partager.(N. du D.)