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DE
LA CHEVALERIE

Première Partie.

La poésie chevaleresque forme la portion la plus considérable, la plus originale et, à quelques égards, la plus intéressante de la littérature du moyen-âge. Les troubadours et les trouvères ont exprimé dans leurs chants lyriques ce que ces sentimens et les mœurs que la chevalerie a créés ont eu de plus délicat, de plus ingénieux, de plus raffiné ; les épopées de ces poètes réfléchissent ces sentimens et ces mœurs dans des situations toujours semblables pour le fond, toujours variées dans les détails ; portraits fantastiques où se peint la réalité. Conduit par l’histoire de la littérature nationale à m’occuper de cette poésie, j’ai voulu connaître la chevalerie, qui lui a donné naissance, analyser dans tous ses élémens, sonder dans sa vie intime, scruter dans ses origines un fait vaste et compliqué autant que brillant et célèbre, le plus grand fait moral et social des temps modernes entre l’établissement du christianisme, qui l’a produit, et l’explosion de la révolution française, qui a achevé de le tuer. Les pages qu’on va lire sont une étude faite en conscience sur un sujet banal et pourtant presque neuf, dont, après beaucoup de volumes consacrés à le traiter, il restait peut-être, à classer avec méthode les diverses parties, à déterminer les rapports, et à mesurer l’étendue.