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REVUE. — CHRONIQUE.

n’exige pas qu’on lui oppose autant de résistance, et l’instrument, moins grand et beaucoup moins lourd, donne des résultats plus brillans. Cette découverte renverse de fond en comble le système du piano, on peut le dire sans figure, puisque ce qui était dessous se trouve maintenant en dessus, et augmente dans une progression immense les moyens sonores de l’instrument. En 1832, la société d’encouragement apprécia les avantages de ce nouveau système ; le rapport fait en 1833, à l’Académie des Beaux-Arts, par M. Berton, n’est pas moins favorable à M. Pape. Son nouveau système y est approuvé sous tous les points, et ce rapport était signé par Boieldieu, Lesueur, MM. Cherubini, Auber, Paer et Berton. Cette invention de M. Pape méritait d’être signalée, et on ne saurait trop recommander les nouveaux pianos qui sortent de ses ateliers.


— L’auteur de Volberg, dans sa préface, essaie de nous démontrer que la poésie est encore de ce monde et que notre époque n’est pas stérile en grands écrivains ; il discute gravement l’influence du progrès matériel sur les dévoloppemens variés de la pensée et de la fantaisie, et après un laborieux raisonnement, il nous assure, avec le cri de surprise qu’arrache une découverte, que la poésie doit survivre à notre siècle et qu’elle ne cessera pas d’être florissante, en dépit de la science et de l’industrie. Ce sont là, sans doute, de bien grandes vérités ; mais nous engageons M. Pécontal à employer, pour nous les dire, moins de phrases prétentieuses et de périodes solennelles. En consacrant vingt pages de préface à amplifier un texte rebattu, M. Pécontal a fait preuve de maladresse ou de vanité. Ou il a cru nécessaire de prouver l’évidence, et sa préface est insignifiante au point de vue de la logique ; ou il a cru pouvoir racheter la pauvreté du fond par les richesses de la forme, et alors il est coupable de vanité. Dans les deux cas, M. Pécontal aurait bien fait, puisqu’il combattait des chimères, de défendre la cause des poètes avec plus de calme et de mesure. Nous ne savons où il a entendu nier l’existence de la poésie dans les temps modernes ; mais nous croyons bien que plus d’une fois on a pu, devant lui, déplorer qu’elle se manifestât si rarement dans une œuvre digne de la représenter et ranger parmi les essais médiocres ou insignifians, la plupart des recueils lyriques ou des poèmes qui se publient de notre temps. Ceux qui pensent ainsi, ne méritent point d’être traités d’esprits chagrins, inquiets ou aveugles. M. Pécontal devra au contraire, s’il est juste, reconnaître leur impartialité et leur clairvoyance.

Nous ne rangeons pas le poème de Volberg parmi les livres dont nous parlons. S’il a de commun avec eux une mauvaise préface et des prétentions démesurées, il les dépasse dans certaines parties par l’exécution. Quelque reproche que méritent le choix du sujet et les réminiscences du style, on ne peut contester à l’auteur de Volberg la supériorité que nous lui accordons. Il exprime avec assez d’éclat et de facilité, des pensées graves et d’énergiques convictions. À quelques égards, Volberg se distingue donc de la foule des débuts poétiques.

La donnée du poème est la lutte du scepticisme et de la foi. M. Pécontal n’a pas reculé devant un sujet aussi vaste et tant de fois traité avec magnificence.