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POÈTES
ET
ROMANCIERS DE LA FRANCE.

xxviii.

ANDRÉ CHÉNIER.


On a dit que le nom d’André Chénier était promis à la gloire, et ce mot a passé de bouche en bouche comme l’expression concise d’une idée vraie. La lecture attentive des œuvres d’André Chénier, loin de confirmer l’opinion aujourd’hui accréditée, assigne à l’auteur de l’Aveugle et de la Jeune Captive un rang glorieux et irrévocable. Bien que les poèmes que nous connaissons soient peu nombreux, ils sont empreints d’une telle beauté, d’une si harmonieuse élégance, que l’admiration ne les abandonnera jamais. Toutefois il convient d’ajouter que cette admiration ne se transformera pas en popularité ; car le talent d’André Chénier, exclusivement consacré à la pureté de la forme, n’excite aucune sympathie chez les esprits qui n’ont pas fait de la poésie une étude assidue. Les sentimens qu’il exprime sont généralement vrais ; mais comme ils ne se distinguent ni par l’animation, ni par la nouveauté, comme c’est à la forme surtout qu’ils