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DU RADICALISME ÉVANGÉLIQUE.

chrétienne a dit : Que celui qui voudra être le premier parmi vous soit le serviteur de tous. Donc à qui que ce soit qui osera se dire son maître, le peuple doit répondre : non. Quand le peuple aura reconquis son droit, s’il en use avec sagesse, le monde changera de face.

ix. Il ne suffit pas de connaître ses droits ; il faut aussi connaître ses devoirs. Le devoir est le principe conservateur de la société. Si le droit était respecté toujours, et le devoir toujours accompli, la terre serait heureuse.

x. Le devoir s’étend à tous les êtres. Le droit comprend la justice et la charité.

xi. Il y a des devoirs de plusieurs sortes, des devoirs généraux et particuliers. Énonciation des devoirs généraux.

xii. Les devoirs de famille figurent au premier rang des devoirs particuliers. Entre l’homme et la femme, l’époux et l’épouse, les droits sont égaux, les aptitudes et les fonctions diverses. Le but principal du mariage est de perpétuer, par la reproduction des individus, la grande famille humaine. Les parens doivent l’éducation à leurs enfans. Les enfans doivent honorer et aimer leurs parens.

xiii. La patrie est la commune mère. Le premier devoir envers la patrie est de travailler à établir dans son intégrité le principe de l’égalité absolue des droits, d’où émanent les libertés publiques et privées. Alors le peuple cessera d’être exclu de la gestion des affaires communes ; alors il aura vraiment une patrie.

Au dessus de la patrie elle-même est l’humanité ; et l’ordre parfait n’existera que lorsque les nations, renversant les funestes barrières qui les séparent, ne formeront plus qu’une grande et unique société.

xiv. L’ensemble des devoirs d’où découle la vie et des vérités qui sont le fondement éternel de ces devoirs, forme ce qu’on appelle la religion. Nier la religion c’est nier le devoir, et puisqu’il existe de vrais devoirs, il existe une vraie religion. La religion implique la foi comme la base première. Le genre humain croît en vertu de sa nature même. La religion ne doit pas être confondue avec les diverses formes extérieures qu’elle revêt. Le christianisme, religion de l’amour, de la fraternité et de l’égalité, est la vraie religion. Il est aujourd’hui enseveli sous l’enveloppe matérielle qui le recouvre comme un suaire, mais il reparaîtra dans la splendeur de sa vie perpétuellement jeune : il est la loi première et dernière de l’humanité.

xv. Le premier fruit du devoir est la jouissance d’un bien au-dessus de tous les biens, le calme intérieur, la paix et les joies pures. Le