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qu’au XIIIe et au XIVe siècle le christianisme reprenait les doctrines de Clément d’Alexandrie, qui, lui-même, s’était inspiré du mysticisme de l’Inde.

Mais à peine les doctrines mystiques avaient-elles eu leur plus grand lustre, que les protestations de la raison commencèrent à se montrer. Le XVe siècle prépara lentement le mouvement du XVIe, et Luther vint proclamer les droits de l’esprit individuel à interpréter les Écritures. Il est vrai qu’effrayé d’avoir fait sonner si haut le mot de liberté, il se rejeta du côté de la grace et se mit à reconstruire le christianisme, après l’avoir ébranlé ; mais d’autres se chargèrent de tirer les conséquences qu’il désertait. Alors on vit les deux Socin en Italie, en Suisse, en Allemagne, en Pologne, soumettre à la critique de la raison, pour les nier, la divinité du premier fondateur du christianisme, le dogme de la Trinité, le péché originel et la nécessité de la grace. Ainsi reparaissaient triomphantes les opinions d’Arius et de Pélage, et le christianisme revenait encore sur ce point aux hérésies des premiers siècles. Mais cette fois l’arianisme trouvait plus d’ouverture dans les esprits, qui, alors, avaient plus la curiosité de la science que le besoin de la foi, et si la secte même de Socin ne survécut pas dans sa forme à son expulsion de la Pologne en 1658, les opinions du socinianisme se répandirent partout. On croit qu’en l’état où en sont les choses, écrivait Bayle, l’Europe s’étonnerait de se trouver socinienne dans peu de temps, si de puissans princes embrassaient publiquement cette hérésie, ou si seulement ils donnaient ordre que la profession en fût déchargée de tous les désavantages temporels qui l’accompagnent. L’école de Port-Royal fut publiquement accusée, par ses adversaires, de nourrir un socinianisme secret, et de cacher dans le cœur de terribles monstres.

L’homme chrétien est le maître de toutes choses, et n’est soumis à personne, avait écrit Luther dans son livre de Libertate christiana. Ce principe que le réformateur saxon n’avait émis que dans l’intérêt purement théologique de ses controverses avec Rome, parut, à quelques esprits ardens, un appel à l’insurection pour conquérir le bonheur. Les anabaptistes furent aussi bien les enfans de Luther que les sociniens, enfans, il est vrai, rejetés par leur père qui les maudit et appela sur leur tête de terribles répressions : mais enfin les doctrines de Muncer et de Jean de Leyde furent une des conséquences des commotions de la réforme. Elles reproduisirent aussi l’hérésie des millénaires des premiers siècles. Quand les anabaptistes enseignaient que les hommes, sous l’Évangile, doivent jouir d’une pleine