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MADAME DE PONTIVY.

monie rétablie, il eût été de plus en plus malaisé de distinguer en eux les différences premières. Son ardeur, à elle, laissait les nuances ; ses lueurs, à lui, allaient à l’ardeur. L’ivresse entre eux régnait plus égale, plus éclaircie, bien que toujours de l’ivresse. Le mari cependant, qui était aux Antilles, mourut. Mais il était tard déjà, et ils se trouvaient si heureux, si amoureux du passé, qu’ils craignirent de rien déranger à une situation accomplie, d’où disparaissait même la crainte lointaine. Sa fille d’ailleurs avait grandi ; et c’était elle plutôt qu’il fallait songer à marier. On la maria en effet ; mais bientôt elle mourut à son premier enfant. Ce fut une grande douleur, et leur lien encore, s’il était possible, se resserra. Et ils s’avançaient ainsi dans les années qu’on peut appeler crépusculaires, et où un voile doit couvrir toutes choses en cette vie, même les sentimens devenus chaque jour plus profonds et plus sacrés.


S.-B.