Page:Revue des Deux Mondes - 1837 - tome 9.djvu/625

Cette page a été validée par deux contributeurs.
621
POÈTES ET ROMANCIERS ANGLAIS.

Burns, que Thomas Moore a imitées dans ses Irish Melodies, autant que l’esprit peut imiter le génie, et le parfum des essences l’odeur naturelle des fleurs. La plupart furent composées sur la demande du libraire d’Édimbourg, Thomson, pour servir de paroles aux chants nationaux de l’Écosse. Elles sont parfois gaies, plus souvent tendres et mélancoliques, suivant l’exigence des airs auxquels elles devaient s’adapter, et ces petits drames passionnés s’encadrent toujours dans de ravissans paysages tracés d’après nature ; j’en citerai pour exemples Lea rig, Soldier’s return, Logan water, Bonnie Jean et Highland Mary, Marie la Montagnarde que je m’étais promis de traduire, surtout Mary in heaven, Marie au ciel, et John Anderson, My jo. Mais tout le parfum de ces divines romances, si je puis les appeler de ce nom profane, s’évaporerait dans la traduction, et on en peut dire ce que Burns dit des plaisirs :


But pleasures are like poppies spread,
You seize the flower, its bloom is shed.


Mais les plaisirs sont des pavots qu’on cueille,
Vous saisissez la fleur, elle s’effeuille.


Ce sont des fleurs trop délicates et trop frêles : il faut les respirer sur pied. L’essai peu satisfaisant que je transcris ici en toute humilité servirait de preuve au besoin.


LES BORDS DE LA CREE.

Voici le vallon, à l’entour
Les bouleaux couvrant le bocage ;
La cloche a dit l’heure au village :
Qui peut retenir mon amour ?

Ce n’est point son appel timide :
C’est quelque zéphyr odorant,
D’un oiseau le fredon mourant
Saluant du soir l’astre humide.

C’est Maria ! j’entends sa voix !
L’alouette des bois appelle
Ainsi sa compagne fidèle,
C’est musique, amour à la fois !

Est-ce bien toi ? toi, toujours vraie ?
Sois bien-venue ! — Heureux amans !