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POÈTES ET ROMANCIERS ANGLAIS.

la cour des Miracles, et dont la dernière partie est connue, si je ne me trompe, du célèbre auteur de la chanson des Gueux et de celle des Bohémiens.

La ballade de John Barleycorn, Jean Grain-d’Orge, dont je transcris ici un essai de traduction, est un symbole ingénieux de la fabrication de l’ale et du whiskey ; il faut l’avouer, l’honneur de cette fiction ravissante ne revient pas tout entier à Burns, qui s’inspira, comme dans plusieurs de ses mélodies écossaises, d’une ancienne chanson connue sous ce titre.

JEAN GRAIN-D’ORGE.
BALLADE.

Il était une fois trois rois
En Orient, puissans tous trois :
Ils avaient juré par la gorge
Qu’ils feraient mourir Jean Grain-d’Orge.

Dans un sillon bien labouré,
Tout vivant ils l’ont enterré ;
Puis ils ont juré par la gorge
Qu’ils avaient tué Jean Grain-d’Orge.

Mais le printemps revient joyeux,
La pluie à flots tombe des cieux :
Jean Grain-d’Orge alors se relève ;
C’est bien lui ! ce n’est point un rêve !

Les soleils étouffans d’été
Lui rendent vigueur et santé ;
Sa tête de dards se couronne :
Grain-d’Orge ne craint plus personne.

Le grave automne succédant,
Grain-d’Orge pâlit cependant ;
Son corps se courbe vers la terre,
Sa tête penche ; il dégénère.

Ses couleurs se fanent ; hélas !
C’est l’âge qui vient à grands pas !
Ses ennemis prennent courage,
Ils vont donc assouvir leur rage.

Aiguisant un long coutelas,