Page:Revue des Deux Mondes - 1837 - tome 9.djvu/557

Cette page a été validée par deux contributeurs.
553
L’UNION DU MIDI.

rifs des douanes entre la France et la Suisse que comme un palliatif transitoire ; c’est l’entière liberté du commerce que réclame l’intérêt commun des deux pays. Tôt ou tard la Suisse entrera dans l’union commerciale du midi.

Nous ne devons pas dissimuler que la position particulière des cantons crée un obstacle capital à toute association de ce genre. Il est peut-être aussi difficile de revenir de la liberté commerciale au système de douanes le plus modéré, que de sortir de la prohibition pour marcher vers la liberté. Dans un pays naturellement pauvre et peuplé, où le sol est fortement accidenté, où, l’agriculture se mariant à l’industrie, il n’y a guère d’autre manufacture que la chaumière, c’est par le bon marché de la main-d’œuvre seulement que l’on peut d’abord lutter contre des nations chez qui l’industrie déjà ancienne dispose de puissantes machines et d’immenses capitaux ; il faut éviter de gêner le travail par l’impôt qui renchérit les denrées. Les peuples voisins faisaient la guerre à la Suisse par les prohibitions, elle ne pouvait la leur faire que par la liberté absolue du commerce ; c’est à ce système de représailles, suivi avec persévérance, qu’elle a dû sa merveilleuse prospérité.

Mais ce système n’aura qu’un temps. La Suisse a établi des droits de péage sur ses routes ; tôt ou tard elle instituera des douanes par la même raison. Les douanes ne sont qu’un péage au profit du trésor ; et à mesure que le lien fédéral se resserrera pour les cantons, ils éprouveront davantage la nécessité d’un impôt commun. Les tarifs de douanes rempliront alors cette fonction, comme ils la remplissent déjà aux États-Unis. Ce que l’on fera plus tard, la France peut raisonnablement proposer de le faire dès aujourd’hui.

Toutefois, la Suisse n’entrera pas sans résistance dans l’association ; elle y entrera la dernière, et il faudra qu’elle soit comme

    tés ; on n’y ouvre pas les ballots, et l’on se contente du contrôle rigoureux du plombage. Dans les états sardes, on n’exige point la séparation des espèces, mais on s’en tient aux déclarations. La fixation d’une taxe dispense de chercher le produit net, et de grandes facilités sont données pour la décharge et l’acquit. Bien qu’on en soit venu en France à n’ouvrir qu’un ballot sur trois ou cinq, et à diminuer un peu dans la pratique la rigueur du réglement, il en reste encore trop pour ne pas préférer les autres routes. Aussi dirige-t-on par l’Allemagne ou par Gênes ce qu’on tire de l’Angleterre ou ce qu’on y envoie, tandis que la voie de Calais serait la plus naturelle. Les mêmes motifs font préférer l’Allemagne pour les affaires de Belgique, et Gênes et même Trieste pour les relations avec l’Espagne et le Levant, malgré les avantages que présente la position de Marseille. » (Mémoire de M. Jaquet.)