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l’Espagne. Nous tenons encore une fois le sort de la Péninsule dans nos mains.

La France ne peut pas se dispenser d’intervenir dans la situation intérieure de l’Espagne. La guerre est à nos portes ; c’est à nous aussi que don Carlos la fait ; c’est notre drapeau qu’il combat. Il y a plus, le seul fait de l’insurrection nous cause un dommage notable par le trouble qu’elle apporte dans les relations commerciales. Nos départemens méridionaux y perdent plus de 20 à 30,000,000 par an, et voilà trois longues années que le mal se perpétue. Le gouvernement français a refusé d’intervenir à main armée, du moins quant à présent, disent prudemment ses organes ; mais n’y a-t-il donc qu’une sorte d’intervention, l’intervention des baïonnettes et des canons ? N’est-il pas possible d’assister le cabinet de Madrid, sans lui envoyer des régimens ? Et s’il existe un autre moyen, n’est-ce pas un devoir étroit pour nous de l’employer sans délai ?

Les hommes qui connaissent l’état des esprits dans les provinces basques, s’accordent à penser que l’on ne viendra pas à bout de l’insurrection par la guerre. « Peut-être en ce moment, dit l’auteur de l’Essai déjà cité, le sentiment le plus violent qui agisse sur le cœur des Basques est-il la haine de l’armée qui combat contre eux. Cette guerre a été si mal conduite, que, sans produire aucun résultat militaire, elle a eu des effets politiques extrêmement fâcheux. Les cruautés commises dès l’abord sur les individus, puis la dévastation des maisons et des propriétés par le vol, le pillage et l’incendie, ont excité dans la population une animosité telle contre l’armée, que jamais les Français, même sous la guerre de l’indépendance, n’ont inspiré tant d’horreur et de colère. La présence de l’armée, ne pouvant produire la soumission des provinces, en empêche la pacification. »

Au lieu de se heurter contre l’insurrection, nous proposons que l’on aille droit à son principe ; un traité d’association commerciale entre la France et l’Espagne, qui abolirait les douanes intermédiaires, aurait retranché la cause la plus active de la guerre civile. Les Basques et les Navarrais ne s’amuseront pas à guerroyer par affection pour don Carlos, ou par respect pour la Vierge généralissime de ses armées, quand ils n’auront plus d’intérêts personnels à défendre. Or, la suppression de tout droit d’entrée sur les