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vers le centre français, il est nécessaire d’étudier les rapports de ce centre avec chacun des membres de l’union.

LA BELGIQUE.

Pendant vingt ans, la Belgique a fait partie de la France ; pendant vingt ans aussi les relations commerciales sont demeurées libres entre les deux pays. Les produits de l’industrie belge étaient alors considérés comme des produits français ; il n’y avait pas plus de frontières industrielles que de frontières politiques. Les capitaux, le travail et les denrées circulaient sans entraves, comme d’une province à l’autre du même empire. Cette liberté des échanges entre la France et la Belgique était devenue une telle nécessité, que ni la séparation politique des deux peuples, ni la divergence politique des deux gouvernemens, ni un régime sévère de douanes, n’ont pu entièrement la déraciner. Nous l’avons dit, nulle part la contrebande n’est aussi active que sur la partie de nos frontières qui s’étend de Mézières à Dunkerque ; quand les hommes ne la font pas eux-mêmes, ils y dressent les chiens. Joignez à cela que les tarifs n’ont pas été combinés précisément de part et d’autre dans l’intérêt des producteurs ; on n’a point cherché à protéger Elbœuf contre Verviers, ni Verviers contre Elbœuf, pas plus que les forges de la Champagne et du Nivernais contre l’usine de Seraing, ni celle-ci contre nos établissemens métallurgiques du centre ou de l’est. On a tout simplement écrit dans les lois commerciales des procédés de dépit et de colère : la France prohibant les draps belges, la Belgique a prohibé, par représailles, les draps français ; autant on a fait de la bonneterie, de la bière et des cristaux.

La langue française est la langue nationale en Belgique ; le même système de monnaies, de poids ainsi que de mesures sert de règle aux transactions commerciales dans les deux pays ; le Code français les régit à Bruxelles comme à Paris, et le principe des deux gouvernemens est sorti pareillement d’une révolution. De plus, la Belgique, terre d’industrie et de capitaux, est comme un levier auquel il faut nécessairement donner quelque chose à soulever. Séparée de la Hollande, qui lui ouvrait pour débouchés ses riches colonies dans l’Inde, elle a besoin de s’appuyer aujourd’hui à l’Allemagne ou à la France, de s’associer au système français ou au