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La paix n’est pour la France que l’immobilité. Dans cette lutte pacifique de commerce et d’industrie, que se livrent, sur tous les points du globe, les peuples producteurs, appelés les premiers par rang d’ancienneté et de puissance, nous n’arrivons plus que les derniers.

Parmi les grandes puissances commerciales, la France est celle qui se déploie avec le plus de lenteur. En 1820, les exportations de l’Angleterre s’élevaient à 910,600,000 fr., celles de la France à 543,100,000 fr., et les exportations des États-Unis à 275,413,633 fr. En 1835, l’Angleterre a exporté des marchandises pour une valeur de 1,184,200,000 fr., la France pour 577,413,633 fr., et les États-Unis pour 539,700,000 fr. Ainsi le développement commercial de quinze années a produit pour la France une augmentation de 6 p. 100, de 30 p. 100 pour l’Angleterre, et, pour les États-Unis, de 96 p. 100. Et, ce qui donne la mesure du degré de prospérité dont jouissent ces trois contrées, le mouvement du commerce a été, chez nous, un peu plus lent que celui de la population ; en Angleterre, il a marché du même pas, et deux fois plus vite aux États-Unis.

Le commerce s’est étendu partout en raison directe de la liberté que les lois lui accordaient. Les tarifs de douanes ne s’élèvent pas, dans l’Amérique du Nord, au-dessus de 20 p. 100 ; l’Angleterre, depuis la réforme de Huskisson, n’a pas de droit qui excède 30 p. 100 de la valeur ; nous en avons fort peu qui soient au-dessous de ce taux. Bien que l’on ait effacé de nos tarifs une certaine quantité de prohibitions, les droits protecteurs représentent encore, pour la plupart, une limite prohibitive de 100 p. 100.

On peut affirmer sans témérité que les relations commerciales de la France se sont établies et s’établissent encore malgré ses lois. La législation de 1817 a élevé autour de nos frontières une sorte de muraille de la Chine, toute crénelée de prohibitions ou de droits protecteurs. On nous a fermé les marchés étrangers, en excluant les produits étrangers de nos marchés. Il semble que l’on ait voulu dire, d’une part : « La consommation de la France n’appartient qu’aux producteurs français ; » et de l’autre : « L’industrie française ne doit travailler que pour la France. »

Si les lois de la restauration, exécutées par une armée de doua-