entre l’Angleterre et la Russie se réduisent à des questions de commerce et d’intérêt, questions difficiles et lentes à résoudre, mais que les États-Unis d’Amérique seuls résolvent par des propositions de guerre. L’Angleterre ne croit pas que sa marine soit menacée par la marine russe ; elle veut seulement étendre son commerce en Orient, et le délivrer de toutes les entraves que tente de lui opposer le cabinet de Saint-Pétersbourg. C’est la querelle d’une vieille industrie contre une jeune industrie qui s’élève ; c’est une querelle que la Russie soutient contre tous ceux qui l’entourent, et même contre la Prusse, sa fidèle alliée. La Russie exportait ses grains par Dantzig et par Thorn ; la Prusse, devenue plus agricole, a fermé ces issues à la Russie ; la Prusse, de son côté, faisait un libre commerce avec la Chine par Kiachta, et la Russie lui accordait le transit. Depuis, la Russie, devenue industrielle, a établi des comptoirs à Kiachta, et a fermé la route des frontières chinoises à la Prusse. De grandes difficultés sont nées de cette situation, de vives discussions ont eu lieu à Saint-Pétersbourg et à Berlin, et l’on est encore bien loin de s’entendre. Est-ce à dire pour cela que la Prusse et la Russie se feront la guerre ?
La situation de l’Angleterre et de la Russie vis-à-vis l’une de l’autre est, il est vrai, plus critique, les intérêts qui se trouvent compromis sont infiniment plus graves ; mais il y a loin de ces discussions à des hostilités sérieuses ; et quant à cette question du Vixen, lord Palmerston et tout le cabinet anglais n’ignorent pas quel a été le but de cette tentative. Le Vixen est un schooner (navire à un mât). On ne pouvait donc espérer de grands profits de l’expédition d’un tel navire, et la maison Bell, dont les affaires étaient si vastes et si étendues, ne pouvait l’avoir tentée que comme un essai, et pour s’assurer de la réalité du blocus de ces côtes. Or, il est question de relations très intimes qui existent entre M. Bell et M. Mendizabal, et l’on assure que le Vixen avait été expédié dans l’espoir que la capture de ce petit bâtiment compliquerait les rapports entre l’Angleterre et la Russie. Quoi qu’il en soit, il est certain qu’on a donné lieu à ces deux puissances de s’expliquer sur une question pleine d’intérêt, mais qui se résoudra encore cette fois d’une manière pacifique ; ceci soit dit en passant pour calmer la frayeur que montre le ministère français.
Un pamphlet publié à Londres par un prétendu manufacturier