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depuis sur ces nobles restes de nos grandes guerres. L’heure du repos n’a-t-elle donc pas sonné pour eux enfin ? L’armée, qui les respecte, éprouve cependant le désir et le besoin d’être commandée par des officiers de la génération nouvelle. Une armée ne vit que par la sympathie des chefs et des soldats, et si un certain nombre de sous-officiers se laisse entraîner aux idées démocratiques qui effraient avec tant de raison le pouvoir, il est un moyen de les ramener : c’est de leur faire place dans l’aristocratie militaire. L’embaucheur qui aura exercé quelque influence sur l’esprit d’un maréchal-des-logis ne trouvera plus d’accès près de ce même démocrate à qui vous aurez donné le grade de sous-lieutenant. Quand ces jeunes mécontens d’aujourd’hui verront leur régiment commandé par un jeune homme, quand l’inspection de leur corps sera faite par un officier-général dont la verdeur et l’activité prouveront que la profession de soldat n’est pas la seule aujourd’hui où il soit impossible au mérite de faire une fortune rapide, quand ils ne verront plus de ces vieux capitaines dont les cheveux blancs sont un triste et amer sujet de réflexion pour eux, alors vous aurez des soldats et des sous-officiers dont vous n’aurez rien à craindre, et dont l’oreille se fermera à toutes les suggestions. En un mot, avancement sûr et nombreux, retraite prompte et honorable aux anciens officiers, voilà la véritable loi de disjonction qui rétablira la discipline dans l’armée, et rendra son dévouement inébranlable. Toute autre loi serait mauvaise, intempestive, comme la plupart de celles qui ont eu le malheur d’éclore sous les différens ministères de M. Guizot, et qui n’ont servi qu’à montrer le peu de variété de ses ressources.

Quant aux chefs, il faudrait aussi savoir s’y prendre avec eux, et ne pas faire de la faiblesse excessive avec les généraux, tandis qu’on montre aux soldats une rigueur extrême. Assurément on ne peut approuver les actes de M. le maréchal Clausel qui vient se justifier, à petites journées, après avoir tranquillement donné ses soins à l’aménagement de ses terres, et qui débute à Paris en brandissant son sabre menaçant devant un président de la chambre des députés, devant un procureur-général de la cour de cassation, dont l’énergie bourgeoise ne fera pas mentir, croyez-le bien, le vieil axiome magistral, cedant arma togæ ! Mais que signifie la conduite que le ministère a tenue avec le maréchal ? On l’a laissé s’oc-