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REVUE DES DEUX MONDES.

Le courage a partout le courage pour frère ;
Le lâche périt seul et n’a point de vengeurs.

iv.

Si ton bras obéit à la voix du poète,
Sous les tentes des beys ta récompense est prête.
Le myrte desséché sur ton front renaîtra.
La terre de Juba te rendra tes semailles ;
Et, le soir des batailles,
Les morts t’applaudiront sur le haut Manssoura.

Tu marîras en paix, symbole d’alliance,
Au dattier africain la vigne de Provence.
De ses fruits d’or, Calpé remplira tes boisseaux ;
Et d’encens et d’ivoire, et de gomme odorante,
Sur les chameaux de Tyr la caravane errante
Gorgera tes vaisseaux.

Loin des noires cités et du giron des femmes,
Parmi les vents, les flots, le tumulte des rames,
Ton esprit grandira sur l’abîme entr’ouvert.
Tu feras ton butin, au flanc des monts arides,
Au seuil des Thébaïdes,
Des immenses pensers qui dorment au désert.

Du passé trop long-temps éternisant l’injure,
Les peuples, ameutés autour de ta ceinture,
Deux fois t’ont retranché les Alpes et le Rhin.
Des Alpes vers l’Atlas ta barrière recule ;
Dès demain tu t’assieds aux colonnes d’Hercule
Sur deux piliers d’airain.

Que l’État, hardiment relevé de sa chute,
Colosse rhodien qui grandit dans la lutte,
Mette un pied dans Toulon et l’autre en Orient ;